Première monographie, pour laquelle
Charline von Heyl a rassemblé des peintures réalisées en Allemagne (au début des années 1990) et à New York (depuis 1996). Chaque tableau y est présenté en vis-à-vis d'une vue de détail manipulée par l'artiste, qui dévoile sa structure graphique et constitue en même temps un nouveau tableau.
Quatre textes éclairent l'évolution de l'œuvre de l'artiste et explicitent les réponses qu'elle apporte à la question du renouvellement de la peinture contemporaine.
Née en 1960 à Mayence (Allemagne), installée à New York depuis le milieu des années 1990, Charline von Heyl peint. Traçant une voie singulière entre le vieux et le nouveau continent,
entre les interdits
liés au dogme, dominant dans l'Allemagne de
Kippenberger,
Oehlen ou
Krebber, du questionnement déconstructionniste de la peinture sur elle-même, et certains clichés de l'abstraction américaine, sa pratique affirme la possibilité du renouvellement d'une peinture qui n'aurait pas à se renier en tant que telle.
Charline von Heyl emploie les techniques, les matériaux et les supports traditionnels de la peinture (huile et acrylique sur toile ou sur lin, auxquelles se mêlent fusain, encres, pigments, parfois collages et photocopies), mais ce sont surtout ses gestes qu'elle réhabilite, en remettant le focus sur l'
action, l'acte de peindre lui-même.
Majestueuse, virtuose et extrêmement séduisante, à la fois rigoureuse et spontanée,
son œuvre évite les citations directes, les compositions trop savantes,
au profit d'un art certain de l'assemblage fait de touches figuratives, décoratives et/ou matiéristes, qui permet à l'instinct de défier la tranquillité de la mémoire, sans la nier.