Centrée sur une sélection de
performances filmées collaboratives réalisées par une figure du
British Black Art, cette monographie illustrée, qui fait l'objet d'une nouvelle édition française, se compose d'une série d'essais replaçant la pratique pluridisciplinaire de Sonia Boyce dans le contexte de l'
histoire de l'art tout en analysant ses intérêts pour le
féminisme noir anglo-saxon, les
cultural studies, le
cinéma, l'histoire de l'art et la théorie critique.
Les débuts de carrière de Sonia Boyce sont associés au British Black Art dans les années 1980. Sa pratique est alors constituée de larges dessins figuratifs, de collages et de peintures. Depuis les années 1990, son travail s'est orienté vers la vidéo, la photographie et les pratiques collaboratives.
L'objectif de cette monographie est double : discuter de la manière dont sa pratique collaborative se situe dans une généalogie de pratiques artistiques interdisciplinaires, et analyser comment son intérêt pour le féminisme noir, les études culturelles, les études filmiques, l'histoire de l'art et la théorie critique apparaît dans sa production artistique. L'objet est construit par les voix d'Adelaide Bannerman, Cécile Bargues, Jean Fisher,
Sophie Orlando, Allison Thompson et l'artiste elle-même. Chacune d'entre elles donne à voir la spécificité des vidéo-performances collaboratives dont
Exquisite Cacophony,
Paper Tiger Whisky Soap Theatre et
Crop Over.
Sonia Boyce (née en 1962 à Londres, où elle vit et travaille) s'est fait connaître au début des années 1980 en tant que figure clé de la scène artistique
British Black Art, devenant une des artistes les plus jeunes de sa génération à entrer dans les collections de la Tate Gallery. Sa production artistique était alors associée à un retour de la
peinture figurative sous les traits de l'identité
raciale et
genrée dans le contexte
britannique thatchérien (
Lay Back Keep Quiet and Think of What Made Britain So Great, 1986).
Or ses œuvres
photographiques,
Tongues (1997) ; ses papiers peints,
Clapping Hands (1994),
Lovers' Rock (1998) ; ses installations,
Afro Blanket (1994) et ses
vidéos,
The Audition (1998-), montrent dès les années 1990 un intérêt accru pour la chanson, la
musique et le
son, à travers une dimension
archivistique,
performative et le développement d'une pratique
collaborative. Cette articulation s'exerce désormais au sein d'installations et de vidéos, manifestes d'improvisations, lesquelles évoquent les relations de pouvoirs interpersonnels ainsi que les négociations entre l'histoire officielle et la mémoire collective (
Dance of Belem, 2011;
Move, 2013). Performeurs, chanteurs, vocalistes, danseurs et badauds redéfinissant les enjeux actuels des pratiques collaboratives sous le cadrage des caméras.
Nombres de ses travaux sont présents dans les collections nationales britanniques (Tate Modern, Arts Council Collection, British Council, Victoria and Albert Museum, Government Art Collection, Whitworth Art Gallery). Inclus dans ses expositions personnelles : « Devotional », National Portrait Gallery, Londres (2007) ; « Crop Over », Harewood House, Leeds et Museum & Historical Society de la Barbade (2007/2008), « For you, only you (Paul Bonaventura) », Ruskin School of Drawing & Fine Art, Oxford University et tournée (2007/2008), « Like Love », Spike Island, Bristol et tournée (Green Box Press, Berlin 2010) ; « Scat : Sound and Collaboration », Rivington Place, Institute of International Visual Art (2013).
Elle participe régulièrement à des biennales internationales comme « Praxis : Art in Times of Uncertainty, 2e Biennale de Thessalonique, Grèce (2009) ; « The Impossible Community », Moscow Museum of Modern Art (2011) ; « Play! Recapturing the Radical Imagination », 7e Biennale internationale d'art contemporain de Göteborg (2013) ; « All the World's Futures », 56e Biennale de Venise (2015). Sonia Boyce a remporté le Golden Lion pour son projet à la 59e Biennale de Venise en 2022.
Professeur d'art depuis 1986, l'artiste a souligné le rôle prépondérant de l'école d'art comme lieu de recherche générateur de sa pratique. Sonia Boyce est également chercheure et directrice du projet « Black Artists and Modernism » financé par le Arts & Humanities Research Council (UAL/université de Middlesex, Londres).