Publication regroupant la totalité des textes et des enregistrements de la série des Passe-Partout (1969-2004).
« Après avoir réalisé dix-huit Poèmes-Partitions de 1955 à 1965, puis treize Biopsies jusqu'en 1969 j'ai modifié ce dernier terme, à cette date, en Passe-Partout pour la très simple raison que Biopsies 13 s'est trouvé avoir été dédié à un très bon ami, co-disciple de l'Institut d'Études Politiques où je l'avais connu au début des années cinquante, – il s'agit du poème Portrait-Pétales – après qu'il ait disparu, alors qu'il apprenait à piloter, avec son moniteur, dans un petit avion, dans l'Atlantique, près de Dakar. Je ne voulais pas que cette Biopsie, à lui dédiée, soit un simple numéro dans une série. J'ai donc substitué au mot Biopsie le terme de Passe-partout. Celui-ci me convenait parfaitement car un passe-partout est, d'une part, une clef destinée à ouvrir n'importe quelle porte (cette fonction rejoignait donc ainsi, quelque peu, indirectement, la notion de biopsie) ; par ailleurs, le mot Passe-partout implique aussi toute chose neutre, indifférenciée, sans caractéristique propre, et dans ce sens non identifiable, se fondant dans son environnement, dans la banalité donc, et rejoignant ainsi la notion d'éponge, de serpillière, de caniveau, associé à ma série des Biopsies. Ainsi mon désir, mon souci de continuité, étaient-ils saufs.
Ce livre réunit la totalité des Passe-Partout qui sont, aujourd'hui encore, inédits ou épuisés. Il est accompagné de 2 CD regroupant les passe-partout qui ont été enregistrés (la totalité de ceux publiés ici, hormis le Passe-partout n° 07, Le mythe de Gette, et L'Infra-Vaduz) ».
Bernard Heidsieck
À l'origine du courant de la
poésie sonore,
Bernard Heidsieck (1928-2014) est considéré comme l'un des plus grands
poètes français du XXe siècle.
Au milieu des années 1950 il décide de rompre avec la poésie écrite,
pour la sortir hors du livre. À une poésie passive, il oppose une poésie active, « debout »
selon sa propre expression. Il est l'un des créateurs, à partir de 1955, de la Poésie
Sonore et, en 1962, de la Poésie Action. Il utilise dès 1959 le magnétophone comme
moyen d'écriture et de retransmission complémentaire, ouvrant ses recherches à des
champs d'expérimentation nouveaux.
Tout en restant attaché à la sémantique, il s'émancipe peu à peu des contraintes de la
langue. Il en explore toutes les dimensions formelles que ce soit par la spatialisation
du texte, dans les partitions qu'il écrit, ou par la présence de son corps dans l'espace.
Le son revêt avec lui une dimension plastique, notamment grâce à sa diction
exceptionnelle basée autant sur le souffle que sur une articulation parfaite ou sur les
inflexions sans cesse renouvelées de sa voix.
Au fil des années, son écriture se réinvente pour mieux rendre compte de notre
quotidien, de notre univers social, politique ou économique, au travers de ses principaux
événements, comme dans son extrême banalité. Il développe en 1955 ses premiers
Poèmes-Partitions. Puis, il ne cesse de travailler par séries avec les
Biopsies entre 1966
et 1969 (au nombre de 13). De 1969 à 1980, ce sont les 29
Passe-Partout. De 1978 a
1986, il écrit
Derviche/Le Robert composé de 26 poèmes sonores. Puis à partir de 1988,
Respirations et brèves rencontres (60 poèmes produits à partir d'archives d'enregistrements
de souffles d'artistes).
Parallèlement à sa propre activité, il organise en 1976 à Paris le premier
Festival
International de Poésie Sonore à l'Atelier Annick Le Moine, et en association avec
Michèle Métail,
Les Rencontres Internationales de Poésie Sonore à Rennes, au Havre et à Paris au Centre Georges Pompidou. Il participe pendant de nombreuses années à l'organisation du
festival
Polyphonix dont il assure un certain temps la présidence. Il réalise plus de 540 lectures publiques de ses textes dans une vingtaine de pays.