Le dialogue entre la poésie française et la poésie américaine remonte au XIXe siècle. Mais si les Américains en quête de modernité se sont d'emblée tournés vers la France, le courant s'est inversé à partir des années 1970, les poètes français regardant désormais vers les États-Unis au moment où la modernité s'essoufflait. Cette étude rend compte de ce phénomène en mettant au jour les enjeux qui ont préoccupé les poésies française et américaine et motivé leurs échanges. Pour y parvenir, elle pose les questions suivantes.
Pourquoi les poètes objectivistes (Reznikoff, Zukofsky, Oppen…) ont-ils bénéficié en France d'une réception sans cesse recommencée depuis cinquante ans ?
Pourquoi tant de poètes français et américains de la même génération se sont-ils lus, cités et entre-traduits dans les années 1980, au point d'établir une communauté transatlantique ?
Comment, après 1968, « dissoudre la solennité poétique » et adapter le « bas voltage » américain dans la langue de Racine ? Comment dire la poésie ? Comment la lecture publique s'institutionnalise-t-elle en France ? « Être debout et parler », est-ce encore de la poésie ?
Au moment où la poésie en France éprouvait un sentiment d'impasse et entreprenait un bilan de la modernité, la conversation transatlantique lui aura offert un forum pour redéfinir ses formes et sa fonction. S'y sont notamment fait entendre
Ashbery, Roche, Roubaud, Royet-Journoud, Albiach,
Hocquard, di Manno,
Gleize,
Leibovici, les Waldrop, Auster, Duncan, Palmer, Bernstein,
Hejinian, Watten, Doris, Fourcade, Creeley, Rothenberg,
Antin,
Heidsieck,
Cadiot, Alferi.
« L'ouvrage ouvre un forum de réflexion aussi passionnant qu'essentiel, et permet appréhender, à travers le champ faussement restreint de la poésie expérimentale, les questions littéraires, formelles et politiques qui se jouent dans toute circulation du langage. En donnant elle-même à entendre un foisonnement de textes, pour beaucoup inédits et souvent proposés dans des traductions personnelles, Abigail Lang se fait elle-même passeuse de la poésie américaine, et prolonge une conversation transatlantique qui n'a rien perdu de son dynamisme et de son exigence. »
Aurore Clavier,
Transatlantica
« Abigail Lang tisse avec allant l'impressionnante toile qui relie les poètes modernes français aux poètes américains des avant-gardes et dont on perçoit aujourd'hui l'empreinte. »
Jeanne Bacharach,
En attendant Nadeau
« L'américaniste Abigail Lang montre comment un domaine de la poésie française et un domaine de la poésie des États-Unis d'Amérique sont intensément entrés en contact au cours des trente dernières années du XXe siècle [...]. Un espace [transatlantique] riche de rencontres, de traductions, d'institutions et d'œuvres. Un espace d'invention dont il fallait écrire l'histoire. Voilà qui est fait avec clarté et nuances. »
Stéphane Baquey,
Acta Fabula
« C'est l'histoire de cette "conversation transatlantique" que retrace Abigail Lang dans son récent ouvrage, aussi rigoureux que plaisant. Car elle analyse autant qu'elle décrit. Elle n'écrit pas après les poètes, mais avec eux. Elle les accompagne [...]. Le livre d'Abigail Lang rapporte cette conversation en la déliant et en l'expliquant, mais sans y mettre fin. C'est sans doute [sa] vertu première [...]. Il prolonge ces échanges et y participe [...].
La conversation atlantique est l'histoire d'une greffe qui continue de se développer. »
Cécile Dutheil de la Rochère,
Aoc.media
« Dans cet ouvrage délicat, au propos toujours très fluide, jamais jargonnant bien que toujours stylistiquement précis, Abigail Lang analyse les enjeux et motivations des courants d'échanges entre les poètes français et américains à partir de la fin des années 1960 [et en] offre une vision panoramique efficace et de grande envergure ».
Candice Lemaire,
Caliban
« Magistral. »
Emmanuel Laugier,
Le Matricule des Anges
Abigail Lang est maîtresse de conférences en littérature américaine à l'Université Paris Cité, membre de l'équipe LARCA-UMR 8225. Elle est l'autrice, avec
Thalia Field, de
A Prank of Georges (2010) et
Leave to Remain. Legends of Janus (2019).
Traductrice d'une vingtaine de livres de poésie anglophone en français, elle anime avec
Vincent Broqua et Olivier Brossard le collectif
Double Change et le groupe de recherche Poets & Critics. Elle est une des porteuses du projet collectif
Archives sonores de poésie qui vise à inventorier, archiver, diffuser et valoriser les fonds sonores et audiovisuels de poésie en langue française. Abigail Lang dirige, avec
Dominique Pasqualini, la collection
Motion Method Memory aux Presses du réel.