Ce catalogue offre un voyage – une odyssée – à travers l'œuvre de Paul-Armand Gette avec, comme fil conducteur, le 0m., geste manifestaire qui, depuis 1974, ponctue l'univers de l'artiste.
À l'origine, c'est à partir de certains développements de ses recherches sur la plage de Malmö en 1974 que film et photographies isolaient déjà le premier panneau 0 m. du reste d'un système. P.-A. Gette n'omet pas de rappeler qu'il est un pur emprunt à une méthode scientifique de repérage et de mesure dans le paysage. Il livre une définition dépourvue de sens figé : « Le 0 m. est le premier élément d'un transect, système de repères qui permet aux botanistes et aux géologues de déterminer le commencement de quelque chose pour pouvoir faire, à partir de ce point, des relevés de décade en décade : 0 m., 10 m., 20 m., etc. J'ai commencé par utiliser le système complètement, puis j'ai fini par ne garder que le "0 m.", dont, d'une manière ironique, j'ai fait le début du paysage. » Depuis, les potentialités de l'indication 0 m. enthousiasment l'artiste. Figure polysémique par excellence, d'une extrême simplicité, ce petit signe est devenu l'un des traits spécifiques de son vocabulaire artistique. Selon les contextes de son utilisation, il interfère et génère de nouvelles lectures.
Paul-Armand Gette (1927-2024), après des études de biologie et un début de carrière dans l'industrie chimique, décide de se tourner, dès la fin des années 1950, vers une carrière artistique, utilisant ses connaissances en botanique et en géologie qu'il introduit dans l'espace de l'art. Enseignant au département d'Arts Plastiques de Paris I Panthéon Sorbonne et partageant un atelier avec
Christian Boltanski à l'Ecole nationale des beaux-arts, il expose tant en France qu'à l'étranger et réalise de très nombreux livres d'artiste.
Artiste inclassable, il
a construit une œuvre singulière et prolixe à l'écart de toute tendance artistique, brouillant les limites entre sciences naturelles, littérature, poésie, mythologie et histoire de l'art, nourrie d'une obsession constante pour deux thèmes, celui du paysage et de l'idée de nature, et celui de l'étude du modèle. Leur articulation se fait autour du corps féminin et de ses possibles métamorphoses. Opérant des va-et-vient entre l'art et la
science, son travail se déploie en une variété de médiums comme la photographie, la sculpture, la peinture, la vidéo ou encore la littérature pour nous proposer une lecture singulière du monde qui nous entoure.