Ce livre d'artiste rassemble les 67 photographies en noir et blanc de la planche contact n° 234 de la série de photographies prises par Jef Geys durant le Tour de France 1969, année de la première victoire d'Eddy Merckx qui eut lieu le 20 juillet, le même jour que le premier pas de l'homme sur la Lune.
Pendant l'été 1969 Jef Geys décide de suivre le Tour de France. Passionné de cyclisme comme beaucoup de ses compatriotes, l'artiste belge photographie les étapes de ce qui sera la première victoire d'Eddy Merckx. Il réalise alors une série de photographies qui juxtaposent des réalités plurielles : sociologiques, urbanistiques, ethnographiques ou artistiques. Les images traitent les coureurs à parts égales avec les fans et les badauds. Les logos et les publicités dans les villes-étapes constituent la littérature symbolique de l'évènement. Les points de vue sont ceux de l'amateur, du véritable amateur, de celui qui, dans un geste répétitif et rarement assouvi, sans projet esthétique aucun, incarnant la position critique la plus pure, est un voyeur.
Publié suite à l'exposition itinérante « Le Tour de France 1969 d'Eddy Merckx » au Cneai, Pantin ;
CAPC musée d'art contemporain de Bordeaux ; Bains-Douches d'Alençon ; centre d'art contemporain Passages, Troyes ; IAC, Villeurbanne, et galerie Air de Paris entre 2016 et 2018.
Prix spécial du jury pour le Prix Bob Calle du livre d'artiste 2019.
Jef Geys (1934-2018) est un artiste conceptuel flamand. Son œuvre à dimension autobiographique et sociale opère une jonction constante entre culture et trivialité. Privilégiant le « monde comme support », Jef Geys a multiplié les expériences : travailler avec les comités de quartier, participer à l'activité d'un cabaret, exposer la pornographie, diriger un parti, participer aux grèves de Balen, travailler sur le langage populaire, mélanger les notions d'art mineur et d'art majeur… Autant d'expériences qui visent aussi à inscrire dans une puissance du quotidien ce que l'institution, le sens commun et le pouvoir ont tendance à marginaliser.
Après une « carrière ratée dans l'armée » et une formation en publicité à l'Académie Royale des Beaux-Arts d'Anvers, Geys a été professeur d'« Esthétique Positive » de 1962 à 1989, à l'école secondaire publique de Balen. L'enseignement, la transmission de connaissances, l'émancipation et la réalisation de soi sont des problématiques importantes dans sa pratique et pour celles et ceux de la génération de la « contestation ». Entre la fin des années 1950 et 2018, il participe à une série de bouleversements en art, illustrés par une attitude d'amateur ou de dilettante, ou encore par un travail dépersonnalisé, qui vont à l'encontre de la subjectivité et de la spontanéité des générations précédentes. Par la répétition et la sérialité des multiples, il écarte la notion de l'œuvre unique et originale, et met en place des réseaux et collaborations pour soutenir l'influence culturelle et l'échange mutuel entre différentes modernités. Résolument ancré dans sa région, la Campine et Balen (depuis 1971, l'artiste éditait le journal Kempens Informatieblad, publication à valeur documentaire accompagnant chacune de ses expositions), il s'est tracé une trajectoire originale et souvent en porte-à-faux, allant de la fondation d'une « Centrale culturelle » – une organisation qui fournit des œuvres d'art à la demande, déconstruisant ainsi les stéréotypes de l'art populaire ou de la standardisation – à la reconnaissance internationale aux Biennales de São Paulo et de Venise, à la documenta 11 ou à Skulpturprojekte Münster 97.