Une traversée des bandes dessinées et des œuvres de l'artiste mexicaine Wendy Cabrera Rubio, qui font le lien entre la haute culture et le kitsch, tout en explorant les constructions de l'identité métisse.
Il existe des événements et des images qui ont un lien direct avec le passé, au point qu'ils sont considérés à tort comme contemporains, que leur temps a été disloqué et que l'apparente stabilité de la linéarité historique disparaît. À travers sa pratique, l'artiste mexicaine Wendy Cabrera Rubio restitue les traces temporelles et narratives dans lesquelles transite l'identité mexicaine, une histoire marquée par la création d'un nationalisme dont la fixation sur un passé indigène erre dans le présent. Ce livre s'intéresse à la construction du mestizaje et aux différences entre un art « populaire » et un art « cultivé », car comme le dirait Bruno Latour, l'existence relative de ces expériences brise la logique d'un début et d'une fin : aucune étape n'est laissée au hasard, l'existence contemporaine implique donc d'imaginer différents passés possibles.
Wendy Cabrera Rubio (née en 1993 à Mexico) fait partie d'une génération d'artistes qui s'est investie dans la revisitation de l'histoire de l'art et l'artisanat mexicains avec une approche multidisciplinaire et pédagogique. Sa pratique explore la production et la distribution d'images ; en utilisant des stratégies telles que l'appropriation et la performance, Wendy Cabrera Rubio fusionne le high et le low, l'art et l'artisanat, l'Histoire et la narration. Son travail consiste souvent en des objets matelassés bidimensionnels et tridimensionnels, des personnages de dessins animés et/ou des paysages en feutre, qui mettent en scène différentes narrations (souvent comme un théâtre de marionnettes) influencées par les programmes de télévision éducative de la première moitié du XXe siècle. Parmi les thèmes récurrents de son travail figurent le concept de la soi-disant histoire panaméricaine et sa relation avec l'interventionnisme nord-américain en Amérique latine, tel qu'il est incarné par les industries culturelles, en particulier dans les productions de Walt Disney. Dans cette veine, la pratique de Cabrera aborde de manière critique les aspects idéologiques de la politique de l'identité.
