Un ensemble d'images photographiques fragmentées et de visions qui puisent leur iconographie dans les espaces publics ou dans des motifs propres à la modernité.
Ces images représentent d'une certaine manière des démarcations dans le paysage urbain qui fonctionnent telles des sculptures minimalistes générées par des actions humaines. Mazzoni les considère comme des traces de rêves éveillés, des catalyseurs de résistance poétique, petites capsules temporelles qui illuminent le monde. Comme la pensée philosophique de
Vilém Flusser, ce livre concerne « l'état des choses », la relation qui existe entre les choses étant encore plus significative que les choses elles-mêmes. Dans ces images, nous découvrons l'esthétisme inhérent à ce qui se trouve dans notre proximité, à la banalité et au quotidien. En feuilletant le livre, les relations entre ces images qui semblaient disparates de prime abord deviennent visibles. Les formes récurrentes sont des lignes de connexion invisibles qui se concentrent en une histoire abstraite.
Michel Mazzoni (né en 1966) est un artiste français basé à Bruxelles, utilisant la
photographie et l'installation vidéo. Il développe une photographie « plasticienne » qui remonte aux sources de l'acte photographique.
« Située au tournant même du siècle, et questionnant depuis toujours l'inflation et la désubstantialisation qu'implique l'hégémonie des images, la pratique photographique de Michel Mazzoni est une fabrique à images, ou plutôt une fabrique de pensée imagée. Une image qui la déborde et la décloisonne de multiples façons, dès son installation
in situ jusqu'à son déploiement éditorial. Qu'elles soient numériques ou analogiques, le plus souvent en gros plan, elles subissent des manipulations à la source (lumineuses, chimiques ou manipulations optiques du négatif) ou par traitements ultérieurs (scans, tirages, trames, inversions), afin de les dégrader, pour les mettre à l'abri d'informations trop indicielles et leur donner une qualité renouvelée qui leur permet d'attirer l'attention.
L'espace éditorial est conçu et pratiqué par Mazzoni comme un véritable espace d'exposition dont il rejoue pourtant la mise en scène et la lecture. Les qualités intrinsèques de l'objet éditorial, variations de papier, de grammage et d'impression dans une unité de format et de graphisme, contribuent autant que l'installation in situ à créer avec une rare justesse les conditions d'apparition d'une narrativisation elliptique. »
Christine Jamart