N° 10 : Une ligne : Robert Brownjohn. Auteur : Étienne Hervy, Natasha Leluc.
La figure de Robert Brownjohn oscille entre New York et Londres, elle tangue entre les années 1950 et les années 1960, elle jongle encore, dans la profusion de sa production, entre les jeux typographiques et les essais photographiques, les identités sur entête de lettres et les installations publicitaires, le packaging en forme de projet refusé et le générique devenu archétype du film d'espionnage. Vascillant sans cesse entre la vie et les idées, la trajectoire de l'élève prodige de Moholy-Nagy devenu le designer prodigue du swinging London est une ligne qui n'en finit pas de finir. Qu'il ait trop brillé ou trop brûlé, ce génie ingérable effarouche les yeux de l'histoire qui préfère regarder ailleurs pour ne pas effaroucher les enfants sages. Alors qu'importe l'histoire pourvu qu'à la fin ce soit signé Love B.J.
Ce 10e numéro de la Revue Faire contient contient des aquarelles originales des travaux de Robert Brownjohn par Natasha Leluc.
N° 11 : Une exposition imprimée :
vol.19 de Klaus Scherübel et
Title of the Show de Julia Born,
THEREHERETHENTHERE de
Simon Starling. Auteur :
Jérôme Dupeyrat.
Il s'agira à travers ce texte d'observer et d'analyser comment la pratique de certains artistes et designers graphiques se construit dans une relation de réciprocité entre la pratique de l'édition et celle de l'exposition, spécifiquement selon deux modalités :
– L'exposition conçue comme un processus éditorial, selon un déplacement vers l'espace d'exposition de logiques d'écritures et de mise en forme ayant leur origine dans l'espace du livre.
– Le catalogue d'exposition considéré comme espace et comme mode d'amplification du travail artistique et curatorial, au-delà des stricts enjeux documentaires et critiques habituellement dévolus à ce type de publications.
Le texte se développera à partir de cas concrets, et portera plus particulièrement sur Julia Born en regardant
Jérôme Saint-Loubert Bié, Klaus Scherübel,
Yann Sérandour et Simon Starling, tout en inscrivant l'analyse de leur travail dans une histoire étendue, allant du phénomène du «livre galerie» au XVIIe siècle jusqu'à l'œuvre de
Marcel Broodthaers.
N° 12 : Une revue :
Poster of Girl, Revue
Emmanuelle. Auteure : Catherine Guiral et
Sarah Vadé.
Au premier mitan du XVIIe siècle, le médecin français Théophraste Renaudot lance un périodique,
La Gazette. Y apparaissent les premières « publicités ». Le sens initial donné à ce terme est celui de
rendre public et Renaudot, personnage aux activités multiples, s'emploie alors à appliquer son adage: « car tout ainsi que l'ignorance oste le désir, estant impossible de souhaitter ce qu'on ne cognoist pas, de mesme la cognoissance des choses nous en ameine l'envie. »
Ces relations syllogiques et paradoxales entre stimulation du désir, masque de l'ignorance et envie amèneront à explorer les tensions existant entre public, publicité et
érotisme. En s'appuyant sur l'apparition des magazines dits « porno », en particulier le magazine
Emmanuelle (lancé par les éditions Opta – Office de Publicité Technique et Artistique – en 1974),
Poster of Girl déshabillera la « masculinité héroïque », pour employer l'expression de Paul B. Preciado, tout en explorant ce que pouvait être un « magazine de plaisir » (sous-titre à
Emmanuelle) à la lumière confrontante des techniques contemporaines de rhabillement.
Déplier Emmanuelle c'est donc ouvrir des lignes de fuite qui d'une révolution de l'imprimé à une révolution culturelle, dévoilent les formes habiles, mercantiles ou critiques dont se drape eros.
Faire – Regarder le graphisme est une revue critique bimensuelle consacrée au
design graphique, qui paraît en librairie au numéro ou sous la forme de recueils de plusieurs numéros. Editée par
Empire, la maison d'édition du studio
Syndicat, elle s'adresse aussi bien aux étudiants qu'aux chercheurs et aux professionnels, en documentant les pratiques contemporaines et internationales du graphisme ainsi que l'histoire et la grammaire des styles. Chaque numéro propose un sujet unique et tentaculaire, traité par un auteur reconnu.
« Les revues critiques dédiées à l'analyse du design graphique sont malheureusement trop peu nombreuses aujourd'hui, particulièrement en France mais aussi en Europe. Engagés dans une posture analytique et critique des formes et activités du graphisme, Sacha Léopold et François Havegeer souhaitent mener une revue imprimée sur ces pratiques, en agissant avec sept
auteurs (Lise Brosseau, Manon Bruet,
Thierry Chancogne, Céline Chazalviel,
Jérôme Dupeyrat, Catherine Guiral et Étienne Hervy). Ce choix restreint, lié à la volonté de proposer une expérience au sein d'un groupe ayant déjà mené des projets communs, permettra d'inclure des auteurs internationaux la deuxième année. »