La créativité est reconnue comme un facteur du succès des entreprises, et elle joue un rôle clé dans les théories influentes sur la croissance économique endogène à l'âge des sociétés de l'information. En conséquence, les théories visant l'importance de l'esprit créatif pour le management et l'entrepreneuriat dominent. Cependant, toutes ces initiatives défendent explicitement ou implicitement l'idée d'une
création économique modélisée d'après la création artistique. Mais elles sont davantage liées à la créativité – le processus psychologique supportant l'esprit créatif – qu'à la création elle-même. En d'autres termes la créativité doit être distinguée de la création.
Une rapide synthèse de plus soixante-dix articles traitant de la créativité dans les domaines du marketing, de l'entrepreneuriat, du management, de l'organisation, du business, de la psychologie et de la créativité de 1967 à 2008 dégage un consensus à partir d'une définition également « retenue par la plupart des psychologues » d'après Michel-Louis Rouquette : « la créativité peut être définie comme le développement d'idées ou de produits qui sont à la fois nouveaux et potentiellement utiles ». Deux qualités caractéristiques de la créativité ressortent : elle génère du « nouveau » et vise « l'utile ». Néanmoins, ces deux caractéristiques permettent-elles de distinguer la créativité de la création ? De comprendre ce qui favorise la similarité entre création économique et création artistique sachant que le créateur artiste fascine le créateur entrepreneur ?
Maria Bonnafous-Boucher est docteur en stratégie et sciences des organisations. Elle est actuellement directrice de la recherche de Advancia et Negocia (CCIP). Elle a notamment publié Anthropologie et Gestion (Économica, 2004), Un libéralisme sans liberté, (L'Harmattan, 2001). Elle a également dirigé les publications Stakeholder Theory (Palgrave 2005) et Décider avec les parties prenantes (La Découverte, 2006). Elle été professeur d'épistémologie et de sciences des organisations au Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM) à Paris et elle a été membre du Collège International de Philosophie de 1995 à 2002.
Raphaël Cuir est historien de l'art, docteur de l'École des Hautes Études en Sciences Sociales. Ses recherches portent notamment sur la représentation du corps de la Renaissance à nos jours. De 2008 à 2010, il a été coordinateur scientifique de la Chaire de recherche en création et créativité (Advancia et Negocia, Cité du Design). Ancien chercheur invité au Getty Research Institute à Los Angeles, il a enseigné à Otis College of Art and Design. Il est l'auteur de The Development of the Study of Anatomy from the Renaissance to Cartesianism: da Carpi, Vesalius, Estienne, Bidloo (Éditions Edwin Mellen Press, 2009). Il a contribué à de nombreux ouvrages et collabore régulièrement à la revue Art Press.
Marc Partouche est historien de l'art contemporain, docteur d'état d'esthétique et sciences de l'art. Il est actuellement directeur de l'Académie royale des beaux-arts de Bruxelles. Il conduit parallèlement diverses activités au service de la création contemporaine : organisation d'expositions, création et diffusion de revues et de magazines, création et direction de collections d'ouvrage. Il a publié de très nombreux articles, textes de catalogues, monographies, il est l'auteur de
Marcel Duchamp. Sa vie même (Éditions Images en Manœuvres, 1991 ;
Al Dante, 2005),
La ligne oubliée. Bohèmes, avant-gardes et art contemporain, de 1860 à nos jours (Éditions Al Dante, 2004).