L'hypothèse d'un renouveau de l'habitabilité du monde du point de vue des artistes dans une perspective convergente de l'histoire politique, des humanités
environnementales et de l'histoire de l'art, interrogeant les liens entre éco
féminisme(s) et pratiques artistiques, mais aussi un autre rapport, plus collaboratif que séparatif, au monde vivant, considéré non plus comme un tout mais comme une multitude.
La collection
EKES (EarthKeeping EarthShaking) en Art et Sciences sociales diffuse les recherches du programme éponyme porté à l'ÉSAD de Reims au sein du master Art depuis septembre 2020.
« EarthKeeping EarthShaking » reprend le titre du 13e numéro du magazine américain
Heresies :
A feminist publication on art and politics. Portée par le Heresies Collective fondé à New York en 1976, l'aventure éditoriale de cette publication durera de 1977 à 1993. Défendant une relation politique et féministe à l'art à travers le prisme de la diversité, on comptait parmi ses membres la critique d'art et commissaire d'exposition Lucy Lippard, les artistes Mary Miss ou Miriam Schapiro, notamment. Intituler aujourd'hui le programme de recherche EKES (
EarthKeeping EarthShaking), c'est poser l'hypothèse d'un renouveau de l'habitabilité du monde du point de vue des artistes dans une perspective convergente de l'histoire politique, des humanités environnementales et de l'histoire de l'art. C'est aussi vouloir interroger un autre rapport au monde vivant, considéré non plus comme un tout mais comme une multitude. Un rapport plus collaboratif que séparatif pour favoriser l'échange, la transmission, l'altérité. À rebours d'un rapport de prédation, de domination et de hiérarchisation, tant sur les ressources naturelles que sur les femmes, le programme de recherche EKES soutient une posture de l'artiste qui n'impose plus une manière de voir, de faire mais qui va revisiter son milieu de vie, à travers son extériorité, son altérité, et son autonomie.
Rozenn Canevet est docteure en esthétique, sciences et technologies des arts, historienne et critique d'art. Elle enseigne la théorie et l'histoire de l'art à l'ÉSAD de Reims où elle dirige les programmes de recherche du master Art. Dans ce contexte, elle signe la direction de l'ouvrage
Artist-Run Spaces Around and About (Les presses du réel, 2018). À partir de 2020, elle dirige le programme de recherche EKES sur les écoféminismes, la relation à la terre et la vivacité écologique dans l'art contemporain. Par ailleurs, elle intervient régulièrement à l'École Supérieure d'Art et du Paysage de Versailles depuis 2017.
Camille Froidevaux-Metterie est philosophe, professeure de science politique à l'Université de Reims Champagne-Ardenne. Elle travaille à saisir les mutations consécutives au tournant de la révolution féministe dans une perspective qui place le corps au centre de la réflexion. Elle est l'autrice de
la révolution du féminin (2015, Folio essais 2020),
Le corps des femmes. La bataille de l'intime (2018, Points 2021),
Seins. En quête d'une libération (Anamosa, 2020), et
Un corps à soi (Seuil, 2021).