Composé entre deux destinations, dans des avions, des trains, des musées et des bars pendant trois ans, le premier roman de Jeanne Graff capte les légères intersections d'un groupe hétéroclite d'artistes et d'avocats, de restaurateurs, de philosophes, de viticulteurs et de boxeurs dont la vie se déroule presque entièrement dans un second langage.
Enfermé dans son studio, Seth teste une nouvelle machine, une caméra montée sur un bras articulé avec une large chaîne fixée de chaque côté de la table par deux pieds. Elle bouge doucement sur un corps couché sur une table de massage et retenu par une ceinture, aujourd'hui il inspecte la jambe rasée d'un homme. Les câbles disent à la machine d'aller là dans cette direction, ou en haut et en bas, le système s'assure que tout soit en focus. Tout ici, ici et ici est en focus. La caméra est fixée à un robot qui est fixé à un pied, une douzaine de câbles liés à une machine et à un processeur relié à un ordinateur, le bras articulé se déroule lentement, quelques millimètres par secondes, zigzaguant lentement sur la peau, il l'utilise pour la peau, pour prendre des photos de la peau, c'est un peu transparent.
« Il y a un art d'écrire au beau milieu des énergies et langages des autres, et l'oreille de Graff pour les spécificités existentielles trouve des momentum même dans les rencontres d'un regard. Toujours en mouvement, les textes phototropiques de Graff s'inclinent vers la chaleur humaine, hallucinant des personnages à leur contact. » –
John Kelsey
Cet ouvrage inaugure la
collection May, qui publie des romans, ou recueils de nouvelles, des traductions qui mêlent expériences personnelles, éléments théoriques, poésie, réflexions sur la production artistique contemporaine et qui interrogent les formes d'écriture existantes. Prolongement de la
revue éponyme, la
collection May est dirigée par Catherine Chevalier, Jeanne Graff et Franck Gautherot.
Ecrivaine, artiste et curatrice, Jeanne Graff est née à Vevey et vit à New York. Elle a organisé des nombreuses expositions en Europe, aux Etats-Unis et en Chine avec entre autres Isabelle Cornaro, Juliana Huxtable, Anne Imhof, Mai-Thu Perret, Stefan Tcherepnin, et a fondé en 2014 l'espace d'art itinérant 186f Kepler. Elle est chroniqueuse pour
May Revue (Paris), a enseigné à la
HEAD Genève, Harvard University Cambridge MA, Hong Kong University.