Une sélection d'environ 60 photographies peu connues signées par l'artiste français Jean Chauvin (1889-1976), l'un des pionniers de la sculpture abstraite du début du XXe siècle.
L'œuvre de Chauvin est caractérisée par ses formes hautement stylisées et épurées en bronze, en bois et en plâtre, tantôt abstraites, tantôt figuratives. Elle s'articule autour de thèmes tels que l'animalité et la sexualité humaines, la nature, la sensualité, l'architecture, la technologie et le futurisme. Parmi ces contemporains, citons Constantin Brancusi, Jean Arp et Ossip Zadking, auprès de qui il a exposé dans les années 50. En 1962, il a représenté la France lors de la Biennale de Venise.
Tout au long de sa carrière artistique, Jean Chauvin a photographié de manière obsessionnelle ses sculptures, en conférant à ces images une certaine autonomie. Il a misé sur l'esthétique documentaire, par laquelle tous les facteurs pouvant témoigner de sa personnalité tendent à disparaître dans l'optique de mettre en évidence la sculpture elle-même, dénuée des circonstances ou du contexte. En vue de magnifier avec délicatesse le contraste de lumière et d'ombre, de couleur et de matériau, les œuvres sont posées sur un support d'arrière-plan noir ou blanc en dur, au sein d'un environnement hautement éclairé. Un subtil mélange d'ombre et de lumière révèle les détails gracieux de la surface et les changements de plan.
L'Ombre atomique a été publié à l'occasion de l'exposition qui s'est tenue à la maison moderniste de l'Atelier Jespers à Bruxelles en 2021, avec
Tim Onderbeke pour curateur. Cet ouvrage présente une sélection de photographies exposées, des visuels de l'exposition et un fragment de texte de Paul-Louis Rinuy issu du catalogue raisonné de Chauvin.
Jean Chauvin (1889-1976) est un sculpteur français. Né à Rochefort en Charente-Maritime, seul survivant d'une fratrie de six enfants dont son jumeau André Joseph, toute son œuvre sera profondément marquée par le thème de la naissance et de la gémellité. Il s'installe à Paris en 1908. Il s'inscrit à l'École des Arts Décoratifs puis à l'École des Beaux-Arts, où il fréquente l'atelier du sculpteur Antonin Mercié à partir de 1909. Chauvin expose au Salon d'automne et à celui des Indépendants. Il participe à la taille de « La Frise de la danse » de Joseph Bernard (actuellement au Musée d'Orsay), mais s'oriente définitivement vers la
sculpture abstraite.
Son œuvre va des formes les plus simples, les plus abstraites, à des formes plus complexes qui évoquent d'une manière à la fois claire et mystérieuse l'humain, le végétal, l'animal et même le sexuel. Il ne saurait, au sujet de Chauvin, être question d'art abstrait car chaque œuvre conserve une signification bien réelle et souvent même est faite d'allusions fort précises, mais la stylisation aboutit à un art sensible et géométrique dont la sensualité – évidente mais transposée – est dépouillée de tout élément anecdotique.
On le désigne parfois comme le plus méconnu des grands sculpteurs. Une discrétion absolue, une solitude bien gardée, aucun sens de la publicité. Un artiste impeccable, d'une originalité rare et d'une audace extrême.