Construit autour d'un groupe initial constitué de Jean Pierre Faye, Maurice Roche et Jacques Roubaud, le collectif Change aura compté parmi ses membres réguliers Philippe Boyer, Yves Buin, Jean-Claude Montel, Jean Paris, Léon Robel et Mitsou Ronat, et n'aura eu de cesse d'élargir le cercle pour ouvrir le dialogue avec d'autres revues du monde entier dans un « set international ».
Parce que « la langue, en se changeant, change les choses », le
projet est de faire voir ce change –
le battement de l'entrelangues. Et d'ouvrir un champ exploratoire sans bornes où se côtoient poésie et mathématique, roman et linguistique, théorie littéraire et recherche psychiatrique, critique générative et rire rabelaisien. On peut ainsi lire un numéro sur le montage placé sous le signe d'
Eisenstein, un autre consacré à la
poésie orale en collaboration avec Polyphonix, des analyses sur l'oppression politique,
Mel Bochner sur
Malevitch, Roubaud sur le Shinkokinshu, deux numéros consacrés à la théorie de la traduction, une réflexion sur l'avant-garde, trois livres de Jack Spicer, des traductions des formalistes russes, ou encore, suivre la réception française de Chomsky.
Change numérique permet aujourd'hui à la fois de redécouvrir des textes devenus introuvables, et de suivre le dialogue entre les contributions dans le contexte de leur première parution pour voir comment la littérature et la pensée se trament.
« Cette – indispensable – édition numérique, où chaque page de chacun des 41 numéros parus, plus le hors-série
Polyphonix (dernier numéro, paru en 1983, à l'occasion de l'édition 5 de cette manifestation créée par
Jean-Jacques Lebel) a été scannée, nous donne non seulement accès à l'intégralité de la revue, mais y apporte une circulation nouvelle, permettant de visionner double page par double page (comme un diaporama), page par page
via la table des matières (barre latérale) ou
via un tableau (avec des liens) reprenant les couvertures des 41 numéros. Mais l'on peut aussi utiliser la fonction de moteur de recherche pour aller directement vers certaines pages (31 pages proposées si l'on fait une recherche sur le terme
Jack Spicer ; 186 pages sur le terme
cinéma…). Chaque (re-)lecteur de
Change numérisé pouvant alors devenir monteur au sein de ce corpus extrêmement riche. »
Nicolas Tardy,
Cahier Critique de Poésie