A mi-chemin entre la publication documentaire et l'album photographique, ce livre d'artiste capture une série de marionnettes réalisées par le duo belge. Sales et dépenaillées, elles représentent la descendance d'une famille de bourreaux et, à travers elle, l'expression d'une faillite de l'humanité.
Die Schmutzigen Puppen von Pommern (les marionnettes sales de la Poméranie) sont les descendants d'une famille de bourreaux habitants de Greifswald dans la province historique de Poméranie. Au XIIe siècle, cette famille monopolisait les exécutions rémunérées ainsi que l'entretien des champs de potence, amassant des fortunes. A l'apogée de leur puissance, leur emprise couvrait toute la région de Poméranie s'étendant de Greifswald à Szczecin en Pologne actuelle. Compte tenu de leur forte ascendance sur le pouvoir judiciaire, il arrivait que des juges corrompus prononcent des peines de mort pour le seul bien de leur activité funeste. Après trois générations, la dynastie de bourreaux s'est soudainement et inexplicablement effondrée. Les descendants ont continué à errer en Poméranie et sont depuis lors la cible des moqueries et des railleries. Des centaines d'années plus tard, ils y sont toujours. Résignés à leur sort.
Jos de Gruyter & Harald Thys (nés respectivement en 1965 à Geel et en 1966 à Wilrijk) forment un duo d'artistes depuis la fin des années 1980. Leur œuvre porte un regard sans complaisance sur le réel. Par le biais de la vidéo, l'installation, le dessin, la sculpture, la performance et la photographie, le duo d'artistes donne corps à leur conception imaginaire du monde parallèle, à la manière dont celui-ci vit dans la psyché humaine contemporaine et se manifeste dans la vie quotidienne et le conformisme social. Des histoires de travail, de loisirs, et de famille, ainsi que des questions concernant la classe sociale, la virilité et la marginalisation sont représentées par une distribution d'acteurs non professionnels, composée de membres de la famille, d'amis, d'objets, de barbes et de marionnettes, le plus souvent dans des intérieurs assez banals, chargés de rapports de force troublés et troublants.