Cette première monographie rétrospective, monumentale (4 kg !), dédiée à Louis Michel Eilshemius rassemble des peintures provenant de plus de 70 institutions et collections privées, américaines et européennes, afin d'offrir une vision aussi large et riche que possible de cette immense œuvre. Stefan Banz livre un long essai inédit dans lequel il analyse les formes sous lesquelles Eilshemius a pu inspirer
Marcel Duchamp, qui l'a « découvert ».
Publié à l'occasion de l'exposition éponyme à la KMD, Kunsthalle Marcel Duchamp, Cully, du 12 septembre au 4 octobre 2015.
Louis Michel Eilshemius (1864-1941) a été un personnage marginal et fascinant de la scène de l'art new-yorkaise au début du XXe siècle. Son œuvre resta pratiquement inconnue du public jusqu'à ce que
Marcel Duchamp la découvre lors de la première exposition de la Society of Independent Artists au Grand Central Palace à New York en 1917. Par la suite, Duchamp et Katherine S. Dreier organisèrent les deux premières expositions personnelles d'Eilshemius dans une institution publique, la désormais légendaire Société Anonyme, à New York en 1920 et 1924. Le nom d'Eilshemius était soudain sur toutes les lèvres : les critiques d'art les plus fameux de leur temps écrivirent sur son travail et les collectionneurs d'art américains les plus influents commencèrent à s'intéresser à son travail. Cependant Eilshemius, épuisé par l'échec des années précédentes, et mentalement de plus en plus instable – peut-être aussi accablé par la perception transformée de son art – abandonna la peinture en 1921. Néanmoins ses œuvres furent exposées de plus en plus fréquemment dans les galeries les plus réputées de New York. Ainsi plus de 30 expositions personnelles eurent lieu de 1932 à sa mort en 1941. Même si aujourd'hui de nombreux musées aux États-Unis, tels que le Museum of Modern Art de New York, le Whitney Museum of American Art, le Hirshhorn Museum, ou la Phillips Collection ainsi que des collections de renommée internationale possèdent des œuvres d'Eilshemius, avec l'apparition du
Pop Art et de l'
art minimal dans les années 1960, l'artiste tomba peu à peu dans l'oubli. Au temps des énormes succès des biennales et autres manifestations d'art, Eilshemius représente de manière exemplaire la réalité parallèle de l'artiste solitaire et singulier qui suit son chemin personnel, ce qui est une des raisons pour laquelle son œuvre nous paraît plus contemporaine que jamais.
Voir aussi
Louis Michel Eilshemius.
Stefan Banz (né à Sursee, vit et travaille en Suisse) est artiste et auteur. En 1989 il participe à la fondation de la Kunsthalle Luzern, et en devient le directeur artistique jusqu'en 1993. Il travaille depuis comme artiste indépendant, participant à des expositions personnelles et collectives dans des galeries et des musées internationaux. De 1994 à 1997 il est conseiller artistique de la Galerie Hauser & Wirth. En 2000, le Prix Manor ainsi que le prix de reconnaissance de la ville de Lucerne lui sont décernés. De 2004 à 2014, il développe une collaboration artistique avec
Caroline Bachmann. En 2005, il est nommé curateur du pavillon Suisse de la 51ème Biennale de Venise. En 2009, il fonde avec Caroline Bachmann l'association
KMD (Kunsthalle Marcel Duchamp) et organise en 2010 le symposium «
Marcel Duchamp and the Forestay Waterfall ». Il est depuis le directeur artistique de la KMD.