L'« album » de la première rétrospective de l'œuvre photographique de Madeleine de Sinéty, présentée au Jeu de Paume à Tours et à Paris.
Fille d'aristocrates, Madeleine de Sinéty trouve son émancipation dans la photographie, qui la mène à la rencontre des ailleurs et des autres. À partir des années 1970, elle documente d'un œil sensible les mutations des quartiers de la gare Montparnasse à Paris et de Manhattan à New York, tandis qu'elle réalise un reportage sur les derniers trains à vapeurs, grâce aux liens noués avec des cheminots. La proximité avec ses sujets devient dès lors sa signature. Les milliers d'images de Poilley (1972-1991), son leg majeur, résultent d'une immersion dans le mode de vie de ce village breton, où les paysans joignent encore leur force de travail à celle des bêtes. L'artiste partage le quotidien des familles, aidant aux travaux des champs, son appareil photo au cou. Ses clichés en noir et blanc de Rangeley, dans le Maine, où elle s'installe en 1985, disent encore l'humanité et la tendresse de son regard singulier. À travers 60 images pour nombreuses inédites, cet album offre une plongée dans l'œuvre de la photographe, à laquelle s'entremêle son étonnant parcours de vie.
Publié à l'occasion des expositions éponymes au Château de Tours (05/12/25 – 24/05/26) et au Jeu de Paume, Paris (12/06 – 27/09/26).
Madeleine de Sinéty (1934-2011) est une photographe franco-américaine. Formée aux Arts Décoratifs à Paris à la fin des années 1950, elle quitte Paris entre 1972 et 1981 pour s'installer dans le petit village breton de Poilley, où elle séjourne de nombreuses fois jusque dans les années 1990. Madeleine de Sinéty photographie alors la vie de ses habitants en noir et blanc et en couleur. Elle réalise a posteriori des projections de diapositives afin de restituer leurs images aux résidents. À partir des années 80, elle s'installe aux États-Unis, en Californie, puis dans le Maine et continue à photographier. Elle réalise également des travaux en Afrique, en Ouganda, pour certains exposés au musée de Portland en 2011.
En 1996, la Bibliothèque nationale de France lui consacre une exposition. L'œuvre qu'elle lègue, riche et dense, entre art et documentaire, reportage et archive, est le résultat d'une observation fine du réel et d'un travail en immersion dans le mode de vie des familles avec qui elle partage le quotidien et tisse des amitiés durables. Avec humanité et tendresse, elle fait découvrir des traditions et des rites propres à ces populations rurales, en révèle des histoires personnelles et collectives pour livrer un récit subjectif et personnel d'une époque qui voit se transformer le monde rural.