Livre d'artiste : un déploiement « cinématographique » de visuels inédits d'Olivier Sévère qui rendent compte du phénomène de mirage, de l'apparition et de la disparition d'images, de présence et d'absence de l'eau. Un texte de l'anthropologue Sophie Brones accompagne le récit de ces paysages désertiques tunisiens.
Entre accélérations et lenteurs, opacité et transparence, écoulement et inertement, Olivier Sévère capte les contrastes et parvient, dans le film Deux Soleils, à créer une atmosphère chorégraphiée comparable à un clair-obscur cinématographique.
Réagencées dans cette édition d'artiste, les images issues du film sondent la présence et l'absence, les strates du temps, la question de l'immatériel dans une Oasis où, simultanément, se concentre et se dilue toute l'inspiration de cette proposition.
Les dimensions du réel et les images qu'il produit sont autant d'éléments qui composent le travail d'Olivier Sévère.
Publié suite à l'exposition éponyme à La Maréchalerie, Versailles, en 2023, fruit d'une résidence à Tunis à la Villa Salammbô en 2019.
Sculpteur, Olivier Sévère (né en 1978) interroge les notions physiques de poids, de forme et de gravité propres à sa pratique artistique. Marbre, verre, bronze ou porcelaine composent le sens et parfois le non-sens de ses oeuvres, car la question du matériau demeure au premier rang de sa démarche. Les savoir-faire qui lui sont liés, sa provenance voire sa genèse sont autant de champs qu'il explore. Son regard sur la matérialité de ce qui l'entoure induit dans sa production des notions comme le naturel et l'artificiel, mais aussi la métamorphose perpétuelle de la matière et des formes. Progressivement, la pierre est devenue son principal sujet de réflexion. Sur le mode de la reconstitution il lui donne corps dans une collection de fragments cristallins semblables à des minéraux, défie l'ordre naturel par la démultiplication artificielle d'un caillou, ou questionne l'origine végétale du marbre et la création des massifs montagneux dans un paysage émergent du sol de la cathédrale de Lausanne. Doucement la vidéo va s'immiscer dans sa pratique et venir étendre et prolonger ses recherches en introduisant l'image et une certaine forme de narration.
« Du détournement d'objets manufacturés reproduits en roche à la taille de pierres précieuses, Olivier Sévère sculpte la matière minérale pour en révéler le potentiel de singularité. Au seuil du naturel et de l'artificiel, ses œuvres jouent sur la collision entre processus physiques et imaginaires pour sortir le monde lapidaire de sa prétendue inertie. […] Entre réalisme documentaire et naturalisme poétique, le plasticien mobilise tous les ressors du fantastique naturel évoqué par Roger Caillois pour décrire l'écriture mystérieuse des pierres, dont l'aspect biomorphique contredit magiquement la nature inanimée. »
Florian Gaité