L'artiste
surréaliste suisse Walter Grab (1927-1989) est aujourd'hui presque un inconnu. Peintre autodidacte, il s'est pourtant intégré à la scène artistique suisse de l'après-guerre en participant notamment à la fondation en 1950 du groupe Phoenix qui rassemblait des surréalistes suisses, autrichiens et allemands tels que Kurt Seligmann, Otto Tschumi, Ernst Fuchs et même
Arnulf Rainer. Dans les années 1950, Walter Grab participe à plusieurs expositions du surréalisme international, à Copenhague, Munich, Berlin et Zurich. Ses œuvres prennent place dans les collections des musées à Zurich ou Aarau et il représente même la Suisse à la Biennale de São Paulo en 1965 avec Meret Oppenheim. Passé cette date, et malgré des expositions régulières dans sa galerie zurichoise, il tombe dans un certain oubli. Pour être un artiste en marge des développements de l'art contemporain de son époque, Walter Grab n'en est pas moins un artiste intéressant, qui a su, au fil des décennies, développer un style de plus en plus personnel et de plus en plus maîtrisé jusqu'à devenir un véritable « petit-maître ».
Les peintures de Walter Grab intègrent plusieurs éléments du vocabulaire pictural surréaliste. Le plus évident en sont les fonds dégradés du bleu glauque ou turquoise au jaune clair. Il y mêle des formes biomorphes, des figures rappelant Picabia, mais aussi un géométrisme hérité de Kandinsky, ainsi que des textes, formules mathématiques et schémas qui évoquent les illustrations scientifiques voire ésotériques. Les images ainsi créées vacillent entre le paysage surréaliste et l'abstraction moderniste, l'onirisme froid et la science-fiction. Mais, même s'il se singularise progressivement, il poursuit jusqu'à la fin de sa vie le dialogue avec les surréalistes. En témoigne la
Waldsymphonie (Symphonie sylvestre) de 1985 qui commente, en l'organisant avec précision comme sur une plaquette électronique, la composition des différentes
Forêt (1927) ou
Forêt et soleil (1931) de Max Ernst.