Une réflexion sur les enjeux de l'analyse d'œuvre en
danse et de l'
éducation du regard.
Il n'existe ni regard idéal ni méthode pour analyser les œuvres en danse. Telle est la conviction portée par ce livre qui place l'inventivité du spectateur au cœur de l'analyse. Chacun est invité à sortir du jugement, du goût personnel ou du sentiment d'ineffable pour explorer différentes modalités de regard, entre le temps de la contemplation d'une œuvre et la formulation d'une pensée construite à son sujet. Entrelaçant leurs points de vue, Isabelle Ginot et Philippe Guisgand proposent une réflexion sur les enjeux de l'analyse d'œuvre et de l'éducation du regard. Leur démarche s'appuie sur des ateliers, des jeux perceptifs et linguistiques, des expérimentations ludiques, dans lesquels on pourra puiser. Il s'agit de penser la nature singulière autant que collective de notre relation aux œuvres, tout comme les contextes où celle-ci peut s'exercer. Car écrire sur la danse, débattre des œuvres et dialoguer avec elles sont des moyens d'innover au sein de nombreuses pratiques (enseignement, ateliers de spectateurs, médiations, critique d'art, performances, accompagnements à la création, etc.). Ainsi l'analyse des œuvres s'ancre dans un monde qui n'est pas seulement celui de la recherche mais celui de tous.
Isabelle Ginot est professeure des universités au département Danse de Paris 8. Elle est également cofondatrice de l'association A.I.M.E. qui porte les projets chorégraphiques de Julie Nioche, ainsi que du groupe de recherche Soma & Po. Praticienne certifiée de la méthode Feldenkrais, elle a créé et dirigé le diplôme d'université « Techniques du corps et monde du soin », puis « Danse, éducation somatique et publics fragiles », qui forme de 2008 à 2018 des professionnels, artistes, praticiens somatiques et travailleurs du champ social à penser ensemble la place de la danse et du geste pour des publics fragilisés. Ses recherches se développent autour de 2 axes : l'analyse des oeuvres chorégraphiques, interrogeant tout particulièrement l'activité perceptive du spectateur (ou du critique) et, plus récemment, sur la place en scène d'artistes vivant avec un handicap. L'analyse des pratiques du corps et du geste dans leurs usages sociaux et politiques. Depuis les années 2010, ses travaux sont essentiellement collaboratifs et prennent la forme de recherches-actions, notamment autour de ce qu'elle nomme « Projets artistiques socialement et corporellement engagés », auprès de publics dits vulnérables et vivant en institutions. Ces recherches ont en commun la préoccupation du travail des normes (corporelles, esthétiques et sociales) dans le champ de la danse et exigent des méthodologies où théorie, conceptualisation, recherche-action et collaboration à des projets artistiques sont indissociables. Elle a notamment dirigé ou codirigé Penser les somatiques avec Feldenkrais (L'Entretemps, 2014) et Écosomatiques : penser l'écologie depuis le geste (avec M. Bardet et J. Clavel, Deuxième époque, 2029).
Philippe Guisgand est professeur en danse à l'université de Lille et chercheur au Centre d'étude des arts contemporains.