Un recueil de textes poétiques qui expérimente et met en jeu différentes formes de la poésie contemporaine : poésie sonore, listes, logorrhées, glossolalie, ready-made, micro-narrations… La plupart de ces textes ont été lus en public dans le cadre de festivals de littérature ou de performances.
Peloton, en dehors de l'exécution orale des textes qui le composent, met en scène et creuse jusqu'à l'absurde une parole qui s'enraye, qui bégaye, qui dérape et qui patine avec le risque de la solitude, du solipsisme, de l'adresse à soi-même comme seule adresse possible.
Entre litanie dérisoire, engueulades et explosions triviales, la parole qu'elle soit excessive, voire abusive, ou monstrueuse semble vouée à l'échec. Texte manifeste, Elocutation raconte cet échec : « comment tu veux qu'on t'écoute si t'élocutes comme ça hein ».
Le travail sur l'élocution crée des situations où l'absurdité et la solitude des personnages relie la poésie d'un Tarkos au théâtre d'un Beckett.
Reste que le comique n'est jamais loin. Il naît d'une parole maladroite, syntaxiquement malmenée, révélant, à travers les répétitions, la mécanique inhérente à nos usages de la parole : « je voudrais un américain thon et un coca zéro je voudrais un menu filet o fish je voudrais un sandwich brioché et une évian je voudrais un menu royal deluxe normal frites coca je voudrais un kebab frites sauce blanche avec un peu de harissa mélangée sur le pain… ».
Le poète ne cesse de la déformer et cette défiguration reflète finalement la folie de la norme et l'aspect chaotique du réel :
« que les choses elles sont vrillées
D'où qu'on soit ».
Peloton, c'est entre le sprint et la course d'obstacle : un tour de France des spécialités régionales, des listes de sandwiches, une tentative d'hypnose, un auteur triste et des amis à embrasser…
Nicolas Richard (né en 1978) est auteur et performeur. Il cofonde, en 2004, la compagnie théâtrale Lumière d'août, collectif d'auteurs basé à Rennes. Dans une veine proche de la
poésie sonore, son écriture creuse jusqu'à l'absurde une parole qui s'enraye. Ce travail sur l'élocution se poursuit sur scène en tant qu'interprète dans des pièces de théâtre classiques ou expérimentales. Parallèlement, il écrit régulièrement pour le théâtre. Ses textes ont été mis en scène par Alexis Fichet, Alexandre Koutchevsky, Charlie Windelschmidt, Agathe Bosch. Il a également travaillé comme auteur avec Julie Bérès à l'écriture de quatre spectacles. Il développe plusieurs projets à mi-chemin entre le théâtre et la performance.