Un disque partagé, dans la série des Portraits GRM, réunissant deux pièces de Félicia Atkinson et de Richard Chartier, abordant chacune le minimalisme concret à partir de perspectives très différentes : une méditation inspirée par la peintre américaine Georgia O'Keeffe, et une pièce dense basée sur les basses fréquences et des micro-événements initialement composée pour 26 haut-parleurs.
« "Ni envers ni endroit que cette roche brûlante (Pour Georgia O'Keeffe)", de Félicia Atkinson, s'aborde comme une méditation, non pas comme une musique méditative, mais bien comme une réflexion autour de l'art de créer ; comment habiter sa création, comment la porter, la domestiquer et vivre avec. En puisant son inspiration chez l'artiste Georgia O' Keeffe, à la fois dans son travail de peintre, mais également dans les maisons dans lesquelles elle a vécu, au Nouveau-Mexique, ou même dans les paysages qui les environnent, Félicia Atkinson compose ici une pièce qui évoque et célèbre, de manière poétique et holistique, le mystère de l'art, le balancement somnambulique qui accompagne l'acte de créer. Mêlant voix fragmentaire, îlots de piano, textures et trames électroniques ou encore enregistrements de terrain, la musique que nous offre Félicia Atkinson est une musique sincère et inspirée, une méditation, donc, mais aussi une leçon qu'on oublie parfois : être artiste, ce n'est pas une activité, encore moins une profession, c'est une façon singulière d'aborder le monde et, par là même, de le densifier.
La musique de Richard Chartier se loge aux frontières de l'audible, dans cette lisière où le son se diffracte dans une inter-dimensionalité où les sons, l'espace sonores, l'écoute et le silence se recombinent en une arborescence de devenirs qui se présentent à nous et disparaissent. L'espace-temps dans lequel se déploie la musique de Richard Chartier est un espace-temps étiré, affleurant à peine dans le monde sonore. La délicatesse, la précision et la justesse de la composition Recurrence.Expansion réside précisément dans ce dialogue entre une forme exposée, déclinée, de manière inspirée et maitrisée, et le biotope sonore dans lequel cette forme se développe. C'est d'une telle rencontre qu'émerge la singularité de la musique de Richard Chartier, musique d'écoute attentive, mais également musique sensible, habitée, une musique des métamorphoses discrètes. »
François J. Bonnet
Dédiée aux créations récentes commandées par le GRM à des artistes de divers horizons, figures importantes ou émergentes de la scène musicale expérimentale contemporaine, la série
Portraits GRM est développée en collaboration par l'INA GRM et Shelter Press (à la suite des
Editions Mego), sous l'égide de
François J. Bonnet, parallèlement à la série
Recollection GRM axée depuis 2012 sur le répertoire « classique » du GRM. La série met l'accent sur la notion d'œuvre musicale plutôt que sur celle d'album.
Musicienne, artiste sonore et visuelle, Félicia Atkinson est née en 1981 à Paris et vit sur la côte sauvage de la Normandie. Elle compose de la musique depuis le début des années 2000. Elle a sorti de nombreux disques et un roman sur
Shelter Press, le label et éditeur qu'elle co-dirige avec Bartolomé Sanson.
Pour Félicia Atkinson, les voix humaines habitent une certaine écologie à côté et au sein de bien d'autres choses qui ne parlent pas : paysages, images, livres, souvenirs, idées...
La compositrice électroacoustique et artiste visuelle française crée des œuvres plastiques et sonores qui animent ces autres voix possibles en conversation avec la sienne, en associant des enregistrements de terrain, des instruments MIDI et des extraits poétiques en français et en anglais, des installations en tissus, du dessins sur papier et toile, des sculptures en argile. Félicia Atkinson utilise la composition musicale et l'installation plastique comme un moyen de traiter la vie imaginative et créative en créant une sorte d'atelier-monde, chez elle et dans les paysages qu'elle traverse. Ainsi, ses compositions en strates énonces des histoires abstraites qui s'étirent et plient alternativement le temps et l'espace, dont l'artiste peut être la narratrice sans en être forcement la protagoniste.
Félicia Atkinson a collaboré avec des musiciens tels que
Jefre Cantu-Ledesma, Chris Watson, Christina Vantzou et
Stephen O'Malley, ainsi qu'avec des ensembles tels que Eeklekto (Genève) et Neon (Oslo). Elle s'est produite dans des salles et festivals tels que INA GRM/Maison de la Radio et la Philharmonie (Paris), Issue Project Room (NYC), le Barbican Center (Londres), Le Guess Who (Utrecht), Sonic Acts (Amsteerdam), Atonal (Berlin), Henie Onstad (Oslo), Unsound (Cracovie) et Skanu Mesz (Riga)... Son travail a été commandé par des cinéastes (
Ben Rivers, Chivas de Vinck) et des maisons de couture (Prada, Burberry). Elle a exposé dans des musées, des galeries et des biennales, notamment la Biennale RIBOCA (Riga), Overgaden (Copenhague), BOZAR (Bruxelles), La Criée (Rennes) , Kunsthaus Bethanien Kreuzberg (Berlin), l'Espace Paul Ricard (Paris) et MUCA ROMA (Mexico).
Richard Chartier (né en 1971) est un artiste sonore et compositeur basé à Los Angeles, considéré comme l'une des figures clés du minimalisme sonore. Les œuvres de Chartier explorent les interrelations entre la nature spatiale du son, le silence, la concentration, la perception et l'acte d'écoute lui-même.
Ses œuvres ont été publiées depuis 1998 sur
Room40,
Editions Mego,
Important Records, Ash International /
Touch, mAtter, Raster-Noton, Spekk, Trente Oiseaux, NVO, Farmacia901, 12k, ainsi que sur son propre label LINE. Il a collaboré avec William Basinski, ELEH,
France Jobin, Robert Curgenven,
Taylor Deupree, AGF, CoH, Yann Novak ou encore
Asmus Tietchens. Dans le cadre d'installations, il a créé des œuvres avec les artistes Evelina Domnitch, Dmitry Gelfand, Linn Meyers et Anthony McCall. Sous le nom de Pinkcourtesyphone, il a également collaboré avec Cosey Fanni Tutti, Kid Congo Powers, la harpiste Gwyneth Wentink, AGF et Evelina Domnitch.