Figure-clef du design postmoderne japonais, Shiro Kuramata (1934-1991) fait partie d'une génération de designers brillants qui a révolutionné le design d'après-guerre. Qualifié de minimal, son design est bien plus complexe et joue sur les oxymores.
Shiro Kuramata grandit à Tokyo au sein même des espaces de logement de l'entreprise située dans les locaux de l'Institut de Recherche Physique où travaille son père. Au contact d'un maître charpentier, Monsieur Seta et de son atelier situé à deux pas de chez lui, Shiro Kuramata nourrit le vœu de devenir architecte. A l'issue d'un apprentissage dans un lycée technique, il obtient en 1956 le diplôme de la « Kuwasa design school ». Il y reçoit un enseignement spécialisé dans le design et particulièrement celui d'intérieur.
Shiro Kuramata débute sa carrière en concevant des intérieurs de manière indépendante et sous contrat avec le grand magasin Matsuya à Ginza, Tokyo. En Novembre 1965, il créé sa propre agence, le « Kuramata Design Office ». « Pyramide furniture » en 1968 est une forme variable que Shiro Kuramata conçoit à partir d'un éventail de tiroirs empilés et mobiles. Pièce maîtresse dans son œuvre, elle préfigure le design des années 1980. Dès 1969, lorsque Shiro Kuramata installe des piliers de lumières traversant du sol au plafond les espaces showroom de la compagnie Edward, la lumière devient un élément fondamental dans son travail et la conception des objets.
Dans ses premiers travaux, il est déjà possible d'observer des mots clés qui reviendront sans cesse pour définir ses travaux ultérieurs, à savoir « transparence », « légèreté », « tiroir » et « humour ». Fasciné par les possibilités révolutionnaires offertes par les nouvelles technologies et les matériaux industriels dans les années 1970 et 1980, Shiro Kuramata concentre sa création et sa production vers les objets en acrylique, verre, aluminium et treillis d'acier qui défient les lois de la gravité et les techniques d'assemblage, et libère des formes d'une infinie légèreté.
En 1972, il reçoit le « Prix Mainichi du design Industriel ». La même année il conçoit la lame « Oba-Q » sous la
forme d'un drapé figé de lumière. En 1976 il conçoit la plus emblématique de ses œuvres : « Glass chair » composée de feuilles de verres assemblées.Shiro Kuramata reçoit le « Japan Cultural Design Award » en 1981. Il puise son inspiration dans la culture japonaise et dans la créativité du
groupe Memphis auquel il est associé de 1981 à 1983 sur une invitation d'
Ettore Sottsass devenu un indéfectible ami. En 1986, « How high is the moon » est un fauteuil en maille d'acier devenue icône du XXe siècle. En 1988, sa chaise « Miss blanche » tient son nom du personnage du film « Un tramway nommé désir ». Des roses sont figées dans l'acrylique, symbole de la fuite du temps arrêté un instant. A son sujet Shiro Kuramata dira : « L'une des inspirations dès le départ pour produire cette chaise était l'envie de la présenter à Paris. Je pense qu'il y avait une sorte d'anticipation, ou une partie de moi qui sentait que cela serait mieux compris en France, et plus particulièrement à Paris ». Inspiré par les mêmes principes créatifs que son mobilier, il travaille à l'architecture intérieure des boutiques de Issey Miyake notamment à New York, Paris et Tokyo. En 1990, le gouvernement français lui décerne la médaille de l'Ordre des Arts et Lettres.