Une vaste étude discursive de la géographie culturelle des avant-gardes de l'Europe Centrale dans l'entre-deux-guerres.
Les télégraphes de l'Utopie étudie l'art des avant-gardes en Europe Centrale entre les deux guerres (1918-1939). Il s'agit de présenter au public français l'activité artistique de ces pays dans un espace chronologique autre que celui que l'on aborde habituellement (1908-1928), de sorte à inclure les années 1930 et donc les foyers méconnus et pourtant très actifs dans cette décennie (Brno, Bratislava...), qui font aussi singulièrement défaut même dans les ouvrages de référence sur la période. L'ambition est de redessiner la géographie culturelle de l'Europe dans l'entre-deux-guerres, en mettant l'accent sur la continuité de la réflexion de l'avant-garde internationale tout au long de la période.
Ce livre, nourri des recherches les plus actuelles en Europe Centrale (souvent publiées dans d'autres langues que le français, l'anglais ou l'allemand), propose une réflexion synthétique sur la richesse des échanges entre différents artistes et foyers. La notion de la communication internationale est au cœur de ce projet. Le texte est complété par une iconographie émanant en grande partie du domaine du design graphique, champ de spécialité de l'autrice.
Prenant en compte la remise en cause du concept « centre-périphérie », l'autrice renonce à une présentation « par pays » ou purement chronologique qui ne peuvent, ni l'une ni l'autre, rendre efficacement compte de la mobilité des artistes et de la circulation d'idées. Sonia de Puineuf opte pour une approche discursive qui s'appuie sur quelques thèmes récurrents dans l'art des avant-gardes, illustrés aussi bien par les œuvres d'art et par l'architecture des artistes centre-européens que par leurs textes théoriques et poétiques. Il est évident qu'une telle méthode fait voyager au-delà du « cœur » géographique de l'Europe matérialisé par l'Empire Austro-hongrois démantelé, et que les références à l'Allemagne (très contiguë de l'Europe Centrale, voire en faisant partie pour certaines de ses régions), à l'Union Soviétique, à l'Italie, à la France et aux Pays-Bas viennent ponctuer le propos afin d'éclairer certains concepts esthétiques. Il n'en reste pas moins que c'est bien cette toile tentaculaire que les avant-gardes de l'Europe Centrale tissaient dans l'entre-deux guerres pour en finir avec leur historique isolement « périphérique ».
Sonia de Puineuf (née en 1976 en ex-Tchécoslovaquie) est historienne de l'art, de l'architecture et du design graphique. Elle a soutenu sa thèse à la Sorbonne en 2006 sur le thème « La lettre dans l'art des avant-gardes 1909-1939 : signe-passeur du modernisme ». Ses recherches portent notamment sur l'art, l'architecture et le design graphique en Europe Centrale dans l'entre-deux-guerres. Ses connaissances linguistiques (slovaque, tchèque, polonais, allemand, anglais, italien, russe) lui donnent accès à de nombreuses sources étrangères, qu'il s'agissent des documents d'archives ou de textes scientifiques encore méconnus en France. Elle a traduit en tchèque les écrits de Karel Teige et elle publie régulièrement des articles dans les revues de références en France et à l'étranger et dans les actes de colloques internationaux auxquels elle participe. En 2019 à Bratislava, elle a co-organisé le symposium international consacré à l'éducation artistique dans le premier tiers du XXe siècle dans l'aire culturelle de l'Europe centrale. En 2021 à Bratislava, elle a co-édité l'ouvrage consacré à l'école SUR (1928-1938) qui s'impose comme un nouveau livre de référence dans le pays. A côté de son activité de chercheuse indépendante, elle enseigne dans les universités et les écoles d'art et collabore avec les musées.
