Quatre artistes virtuoses réunis dans l'excès et le débordement.
C'est bien dans l'excès et la débauche que cette réunion d'artistes virtuoses – Béatrice Cussol, Michel Gouéry, Gregory Jacobsen et Charles Pennequin – a été initiée. Excès dans la couleur, excès dans la truculence, excès dans la prolifération des formes, dans les sujets mêmes, dans le mauvais goût, dans le verbe, dans l'inconvenance, excès dans l'excès.
Ça grince, ça gicle, ça déborde, ça heurte, ça n'a aucune retenue et ça se fout du bon goût !
Publié à l'occasion de l'exposition éponyme à Arsenicgalerie, Paris, en 2021.
Diplômée de la
Villa Arson à Nice en 1993, Béatrice Cussol (née en 1970 à Toulouse) vit et travaille à Malakoff. Connue pour sa pratique engagée du
dessin, elle détourne la technique de l'
aquarelle, ce médium du loisir des femmes, des peintres du dimanche, etc. au profit d'une œuvre
féministe, où elle déjoue les clichés féminins (sorcières, érotismes, etc.).
Elle a également publié plusieurs livres que l'on pourrait qualifier de romans expérimentaux :
Merci (2000) et
Pompon (2001) aux éditions Balland,
Sinon (2007) et
Les Souffleuses (2009) aux éditions Léo Scheer.
Présent dans les collections publiques suisses et françaises, son travail a fait l'objet d'expositions monographiques (Villa Arson, Nice ;
Mamco, Genève ; Stockholm; etc.) et collectives (Yerba Buena Center for the Arts, San Francisco, USA ; Brooklyn Museum, New York ; Musée départemental d'art contemporain de Rochechouart). Elle a été pensionnaire de la Villa Médicis de 2009 à 2010 et enseigne à l'École des Beaux-Arts de Rouen.
Peintre d'abord, jusqu'au milieu des années 1990, puis
sculpteur, Michel Gouéry (né en 1959 à Rennes, vit et travaille à Paris) pratique la
céramique avec maestria, employant un registre pour le moins singulier. Définitivement bizarres, télescopant des références aux artistes du passé, à
Dada, au
Surréalisme, aux grands écrivains, aussi bien qu'aux registres mineurs du cinéma et de la bande dessinée de
science-fiction,
ses pièces cultivent l'anticonformisme, l'incongru et le pervers, sans rien négliger d'une parfaite qualité de la matière.
Dans ses sculptures virtuoses en céramique, désormais son matériau de prédilection, lisse ou granuleuse, parfois mat ou avec des effets moirés,
on trouve des créatures plus ou moins humanoïdes avec des disproportions souvent curieuses, des guirlandes murales en relief où humain et végétal s'entremêlent. Certaines pièces font penser à des anémones de mer, des coraux ou des crustacés. L'artiste a longtemps collectionné les fossiles. Il y a aussi des totems qui sont à mi-chemin entre le bâton druidique et la crosse papale. Des visages émergent parfois de la matière comme prisonniers d'elle et tentant de s'extirper de cette géôle étouffante.
La singularité de l'artiste a été saluée en 2012 par une exposition au FRAC Auvergne « Sortie de vortex » et à la rentrée 2013 Michel Gouéry s'envola avec ces créatures spatiales pour être exposé au MAD (museum of arts and design) de New York.
Gregory Jacobsen est un peintre, écrivain, musicien et performeur américain prolifique.
« Je peins des personnages, en me concentrant sur les petits détails qui m'obsèdent... un peu de graisse qui dépasse d'une ceinture, des chaussures mal ajustées, des occlusions, des nez, des dents et de la chair. Que ce soit par le biais du portrait ou de tableaux chargés, je crée un monde et un vocabulaire de personnages qui vivent et embrassent leurs soi-disant défauts. Au fil des ans, ce travail s'est transformé en accumulations qui sont des substituts corpulents et viscéraux des personnages. La viande, les déchets, les pâtés et les fruits et légumes ressemblant à des organes génitaux sont érigés en structures héroïques mais pathétiques. Ces accumulations agissent également comme une sorte de preuve médico-légale et de catalogage de relations sexuelles maladroites, de gloutonnerie grossière, de rituels de masturbation ridicules, d'humiliation et d'échec sans fin. L'œuvre est absurde, grotesque et un peu brutale, mais j'essaie d'attirer le spectateur avec des surfaces exubérantes et lumineuses, créant un équilibre instable et hilarant entre répulsion et d'attraction. »
Charles Pennequin (né en 1965 à Cambrai, vit et travaille à Lille), artiste et
poète, l'un des plus grands représentants de la
poésie-performance en France, remarquable lecteur de ses textes à l'occasion de nombreuses interventions performatives, explore avec son travail protéiforme les voies de la création moderne. Texte remarquable, par son rythme, sa rapidité, sa ponctuation agile et le travail de langue, qui en apnée, hypnotique, va s'imposer auprès de nombreux auditeurs lors de ses lectures. C'est avec pléthore de mots, pléthore de phrases, pléthore de sens, que l'ancien gendarme autodidacte capte l'attention avec sa poésie cadancée. Charles Pennequin a commencé à écrire et publier dans le milieu des années 1990. En 1999, il publie
Dedans, chez
Al Dante, premier livre important. Puis en 2002,
Bibi, suivi de
Gabineau-les-bobines et
Père Ancien, chez P.O.L. Il pratique la performance et fait de nombreuses vidéos. Il a depuis publié beaucoup de livres, de disques, de DVD. Il travaille avec de nombreux musiciens, des performers, des danseurs, des poètes, des architectes, des magiciens, des chanteurs, des plaisantins, des peintres, des dessinateurs, des clowns et des photographes.
Voir aussi
L'armée noire (Charles Pennequin & Quentin Faucompré).