Pour sa dixième livraison, la revue de l'ENSBA Lyon publie un numéro anniversaire dédié à la
pédagogue, médecin et
féministe italienne Maria Montessori. Au-delà de l'évocation de cette figure pionnière de l'enseignement alternatif, cette parution est l'occasion d'aborder la question des relations entre art et pédagogie, l'histoire de l'enseignement des arts, la pédagogie comme art ou encore la notion d'
educational turn.
La revue d'art et de recherche « rétro-prospective »
Initiales, éditée par l'École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon, publie son dixième numéro à l'automne 2017. Pour célébrer cette livraison anniversaire, c'est à une figure majeure de l'histoire de la pédagogie, Maria Montessori, que cette revue d'école rend hommage.
Née en 1870 dans les Marches en Italie, médecin, pédagogue et féministe, Maria Montessori a ouvert la voie à des méthodes pédagogiques alternatives. Depuis la création de sa première
Casa dei Bambini dans un quartier populaire de Rome en 1907, plus de 20 000 écoles Montessori ont essaimé dans le monde entier, qui, à leur tour, ont engendré quantité de modèles alternatifs – les méthodes Freinet, Steiner-Waldorf, Decroly – et autant de tentatives de revisiter les modalités de la transmission.
Plus qu'un hommage à une figure dont le patronyme excède aujourd'hui largement le périmètre biographique, ce dixième numéro sera surtout l'occasion d'aborder la question des relations entre art et pédagogie, l'histoire de l'enseignement des arts, la pédagogie comme art et encore ce que d'aucuns ont récemment appelé l'
educational turn appliqué au champ de l'art.
La transmission est au cœur du projet de la revue
Initiales, qui fait des artistes, théoriciens, écrivains ou critiques qu'elle réunit des passeurs et des traducteurs permettant à des théories ou des productions anciennes, oubliées ou peu visitées dans le champ de l'art, d'arriver jusqu'à nous parfaitement intactes ou volontairement déformées par le faisceau fertile du contemporain.
Parmi les nombreux contributeurs de ce numéro, l'on comptera les spécialistes des sciences de l'éducation Philippe Meirieu ou Marcus Reiss, la philosophe Geneviève Fraisse, l'historienne Rozenn Canevet, ou le chercheur Vincent Romagny, enseignant à l'Ensba Lyon, chercheur et commissaire d'expositions dédiées au motif des aires de jeu et qui intervient ici au titre de rédacteur en chef associé. Et encore l'historien de l'art Camille Pageard, les commissaires et théoriciens
François Piron et Guillaume Désanges à qui l'on doit une exposition récente sur la contre-culture française des années 1970 et 1980 dans laquelle ils consacrèrent une section entière aux pédagogies alternatives ; le metteur en scène Philippe Quesne ou de nombreux artistes :
Pierre Joseph,
Eric Baudelaire,
Boris Achour,
Camila Oliveira Fairclough, Jasper Spicero, Kirsten Murphy…
Deux fois par an,
Initiales, revue produite et éditée par l'
Ecole nationale supérieure des beaux-arts (ENSBA) de Lyon, esquisse les contours d'une galerie de « portraits en creux » en s'organisant autour de « figures-source », existantes ou fictives. Des figures d'artistes, philosophes, écrivains, architectes ou cinéastes dont le dénominateur commun est qu'elles ont « fait école » dans leur discipline et au-delà, dans les champs qu'elles ont investis ou traversés. L'œuvre, la pensée mais plus encore les méthodes déployées, les pistes explorées (et parfois avortées) ou les réseaux créés par cette figure de référence servent de sous-texte ou de script à chacune des livraisons.
Réunissant, à partir d'une même figure, une série de contributions centrifuges,
Initiales met ainsi en jeu un usage de la source et une expérience du temps qui ne sont ni ceux de l'historien ni ceux du scientifique, mais qui sont à l'œuvre dans le travail de l'art et qui sont au cœur de la réflexion menée depuis 2004 par le groupe de recherche ACTH (Art contemporain et temps de l'histoire) de l'ENSBA Lyon.
Revue de recherche et de création,
Initiales fait le pari qu'une école d'art est aujourd'hui l'un des lieux les plus aptes à produire et organiser des formes et des pensées nouvelles, susceptibles de venir nourrir le débat et élargir le champ de l'art et de la pensée. A cet égard, c'est une revue d'école, mais dans l'exacte mesure où l'école est un lieu de passage, de rencontre et de collaboration avec de multiples acteurs qui lui sont aussi extérieurs.
Initiales rejoue ainsi en son sein l'hospitalité essentielle et féconde des écoles d'art et s'adresse aussi bien au champ de l'art contemporain et de la création d'aujourd'hui qu'au monde de l'enseignement et de la recherche – et plus largement à toute personne curieuse des opérations à l'œuvre dans la création, la pensée et la culture.
Directeur de la publication et de la rédaction : Emmanuel Tibloux ; rédactrice en chef : Claire Moulène.