Le portrait en creux du peintre et vidéaste pop / conceptuel, artiste culte de la scène californienne, John Baldessari.
Après un premier numéro consacré à George
Maciunas, fondateur du mouvement Fluxus
dont New York fut l'épicentre, la revue Initiales se
déplace sur la Côte Ouest des États-Unis pour dresser le
portrait en creux du peintre et vidéaste pop / conceptuel John Baldessari.
Artiste et enseignant star au sein de la prestigieuse école CalArts
de Los Angeles, John Baldessari a formé des générations
d'artistes. Il fit également l'objet d'une grande
rétrospective à la Tate Modern en 2009.
Agrémenté de nombreuses contributions d'artistes, mais aussi
d'écrivains, de critiques d'art et de chercheurs, ce deuxième
numéro de la revue Initiales se penche, entre autres, sur
la généalogie dans laquelle s'inscrit cet artiste culte de la
scène californienne.
Deux fois par an, Initiales, revue produite et éditée par l'Ecole nationale supérieure des beaux-arts (ENSBA) de Lyon, esquisse les contours d'une galerie de « portraits en creux » en s'organisant autour de « figures-source », existantes ou fictives. Des figures d'artistes, philosophes, écrivains, architectes ou cinéastes dont le dénominateur commun est qu'elles ont « fait école » dans leur discipline et au-delà, dans les champs qu'elles ont investis ou traversés. L'œuvre, la pensée mais plus encore les méthodes déployées, les pistes explorées (et parfois avortées) ou les réseaux créés par cette figure de référence servent de sous-texte ou de script à chacune des livraisons.
Réunissant, à partir d'une même figure, une série de contributions centrifuges, Initiales met ainsi en jeu un usage de la source et une expérience du temps qui ne sont ni ceux de l'historien ni ceux du scientifique, mais qui sont à l'œuvre dans le travail de l'art et qui sont au cœur de la réflexion menée depuis 2004 par le groupe de recherche ACTH (Art contemporain et temps de l'histoire) de l'ENSBA Lyon.
Revue de recherche et de création, Initiales fait le pari qu'une école d'art est aujourd'hui l'un des lieux les plus aptes à produire et organiser des formes et des pensées nouvelles, susceptibles de venir nourrir le débat et élargir le champ de l'art et de la pensée. A cet égard, c'est une revue d'école, mais dans l'exacte mesure où l'école est un lieu de passage, de rencontre et de collaboration avec de multiples acteurs qui lui sont aussi extérieurs. Initiales rejoue ainsi en son sein l'hospitalité essentielle et féconde des écoles d'art et s'adresse aussi bien au champ de l'art contemporain et de la création d'aujourd'hui qu'au monde de l'enseignement et de la recherche – et plus largement à toute personne curieuse des opérations à l'œuvre dans la création, la pensée et la culture.
Directeur de la publication et de la rédaction : Emmanuel Tibloux ; rédactrice en chef : Claire Moulène.
John Baldessari, né en 1931 à National City (près de San Diego), Californie, et décédé en 2020, est un artiste conceptuel américain basé à Los Angeles dont le travail interroge la relation des images avec le texte, notamment par le biais de photographies issues de la culture de masse (magazines, publicités, télévision, cinéma) qu'il s'approprie.
Depuis le spectaculaire « Cremation Project » de 1970 qui a consisté à brûler toutes les peintures qu'il avait réalisées entre 1953 et 1966, son travail porte sur les relations entre langage et image, en tant que formes d'expression. Dans ses peintures, photographies, films et vidéos, collages, etc., Baldessari a interrogé depuis ses débuts les mécanismes de représentation médiatique, aussi bien que le sujet de la production artistique elle-même, à partir d'une gigantesque archive d'éléments iconographiques et textuels provenant de la publicité, du cinéma et de la presse qu'il manipule, décline et intégre sous différentes formes dans ses œuvres. Depuis 1980, Baldessari a poursuivi son travail sur les contenus narratifs en développant principalement des séries d'images et de photographies d'où les éléments textuels sont absents, les fonctions du langage étant évoquées en creux, sous les couches de peinture, entre les vides, dans les intervalles.
Baldessari a enseigné tout au long de sa carrière, entre autres à UCSD (université de Californie à San Diego), CalArts (California Institute of the Arts) et UCLA (université de Californie à Los Angeles) jusqu'en 2008. Professeur légendaire, il jette les bases de l'enseignement artistique actuel américain lorsqu'il rejoint CalArts en 1970 et créé une classe de « Post studio » (« post atelier »), pour des étudiants peu enclins à travailler avec des médiums traditionnels (peinture ou sculpture) et établit une tradition de discussion critique autour du travail des étudiants, qu'il encourage à se penser d'ores et déjà comme des artistes. Il invite régulièrement dans sa classe des artistes de passage à Los Angeles, comme Bruce Nauman, Lawrence Weiner ou Richard Serra. Il a formé toute une génération d'artistes américains comme Jack Goldstein, David Salle, Ashley Bickerton, Stephen Prina, James Welling, Matt Mullican, Troy Brauntuch, Mike Kelley, Jim Shaw, Tony Oursler, Jim Isermann, et ultérieurement des artistes comme Analia Saban et Eliott Hundley. Via son enseignement, son influence sur l'art américain des dernières décennies est considérable, notamment sur la Pictures Generation dont l'usage de l'appropriation et de la transformation d'images puisées dans la culture de masse est directement issu de sa pratique.