Abondamment illustrée, cette monographie offre pour la première fois un aperçu complet des œuvres de l'artiste libanais réalisées depuis plus d'une décennie, et analyse un vocabulaire formel caractérisé par l'esthétique du son et du langage.
A l'occasion de l'exposition de Lawrence Abu Hamdan au Bonniers Konsthall de Stockholm en 2021, un groupe d'auteurs a été invité à analyser un ensemble de ses œuvres et les idées sous-jacentes. Abu Hamdan considère l'espace de l'art comme un site où l'on peut attirer l'attention sur des conditions sociopolitiques réelles afin de remettre en question les structures qui les sous-tendent. L'artiste repousse ainsi les limites de ce qui constitue un témoignage. Le titre « Dirty Evidence » vient de la définition que donne Abu Hamdan de la preuve, dans laquelle une valeur de vérité est dérivée de son inadmissibilité même devant la loi. C'est précisément la dimension « impropre » figurative de la preuve qui contribue à la production de la vérité.
Lawrence Abu Hamdan (né en 1985 à Amman, Jordanie, vit et travaille à Beyrouth, Liban) est un artiste dont les projets ont pris la forme d'installations audiovisuelles, de performances, d'œuvres graphiques, de photographies, de sermons islamiques, de cassettes audio, de paquets de chips, d'essais et de discours. L'intérêt d'Abu Hamdan pour l'intersection du politique et du sonore a pour origine ses débuts dans le milieu musical DIY. En 2013, son documentaire audio
The Freedom of Speech Itself est utilisé comme preuve lors d'une session de la Cour britannique du droit d'asile à laquelle il témoigne en qualité d'expert. Ses analyses sonores ont servi à plusieurs reprises lors d'investigations judiciaires et de plaidoyers pour des organisations comme Amnesty International. Il a également fait partie de la campagne No More Forgotten Lives pour Defence for Children International. Ses analyses audio sont menées dans le cadre de ses recherches au laboratoire Forensic Architecture du Goldsmiths College à Londres, où il réalise également une thèse. Ses expositions personnelles incluent « Earshot » à Portikus, Francfort-sur-le-Main (2016), « تقيه » (Taqiyya) à la Kunsthalle St Gallen (2015), « Tape Echo » (2013) à la galerie Beirut au Caire et au Van AbbeMuseum, Eindhoven, « The Freedom Of Speech Itself » (2012) au Showroom, Londres, et « The Whole Truth » (2012) à Casco, Utrecht. Il a exposé ses travaux lors d'événements à la biennale de Shanghai (2014), à la Whitechapel Gallery, Londres, au MACBA, Barcelone, à la Tate Modern, Londres, au M HKA, Anvers, au Beirut Art Center et à la biennale de Taipei (2012). Il a collaboré à l'ouvrage
Forensis et écrit pour
Manifesta Journal et
Cabinet Magazine. Ses œuvres sont présentes au sein des collections du MoMA New York, du Van Abbemuseum, Eindhoven, et de l'Arts Council en Angleterre.