Une relecture de l'œuvre prématurément interrompue de l'artiste franco-israélien Absalon (1964-1993) au travers des notions de corps, de performance et de maladie, en le détachant du champ architectural et de l'héritage des avant-gardes dans lesquels il a souvent été inscrit.
Absalon Absalon est le catalogue de l'exposition éponyme présentée au Capc-musée d'art contemporain de Bordeaux en 2021. L'exposition rapproche Absalon de plusieurs de ses contemporains, dont Felix Gonzalez-Torres, Robert Gober ou Marie-Ange Guilleminot, et réalise des associations par affinités avec des œuvres de Mona Hatoum,
Alain Buffard,
Laura Lamiel et Myriam Mihindou.
Ce livre, qui publie des archives de l'artiste pour la première fois en français (textes, conférence) est également la seule monographie en circulation actuellement sur l'œuvre d'Absalon, depuis le catalogue du KunstWerke de Berlin il y a dix ans.
Le catalogue
Absalon Absalon est non seulement une documentation de l'exposition, incluant de nombreuses vues d'installation, mais aussi un prolongement de ce projet, à travers la publication d'un ensemble de documents inédits d'Absalon : textes d'artiste, photographies d'archives, transcription d'une conférence. Le catalogue est accompagné d'un essai des commissaires Guillaume Désanges et
François Piron, ainsi que d'un entretien avec l'historienne de l'art
Elisabeth Lebovici, qui renouvellent l'approche de cette œuvre depuis un point de vue contemporain.
Absalon (Meir Eshel) est né à Ashdod en
Israël en 1964. Après avoir démissionné de son service militaire, Meir Eshel s'installe à Paris en 1987 où il s'inscrit, sur les conseils de son oncle, le critique d'art Jacques Ohayon, dans l'atelier de
Christian Boltanski à l'École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris. Jacques Ohayon, collectionneur et enseignant en histoire de l'art, est également une figure flamboyante et subversive de la nuit parisienne.
Cette année-là Meir Eshel prend le nom d'Absalon, inspiré par un récit de l'Ancien Testament, histoire d'un fils rebelle finalement vaincu et assassiné. Un nom associé à l'idée de révolte, mais aussi de destin tragique.
Alors qu'Absalon, encouragé par un cercle d'enthousiastes de plus en plus large, commence à montrer son travail et reçoit rapidement un succès critique, il est admis à l'Institut des Hautes Études en Arts Plastiques, dirigé par l'ancien directeur du Musée national d'art moderne, Pontus Hultén, et par les artistes
Daniel Buren et
Sarkis. Absalon y rencontre notamment
Michael Asher, qui a une influence importante pour la suite de son travail.
Alors qu'il commence à collaborer avec la galerie
Chantal Crousel à Paris en 1990, il déménage dans un atelier à Boulogne, construit par
Le Corbusier pour l'artiste Jacques Lipchitz en 1924.
En janvier 1993, il inaugure une importante exposition monographique au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris, organisée par Béatrice Parent et Angeline Scherf. Il y présente les prototypes de ses
Cellules, des constructions blanches, bâties selon les proportions des mesures du corps de l'artiste et destinées à être installées dans six villes différentes pour y vivre. Conçues comme des « espaces mentaux » par Absalon, les
Cellules déterminent une forme de vie fondée sur la résistance, l'habitude, le mécanisme et la contrainte, comme formes non pas d'aliénation mais d'émancipation. Il s'agit pour Absalon de vivre selon ses propres termes en se libérant des identités assignées.
En octobre 1993, à l'âge de 28 ans, Absalon succombe au virus du
sida, sans avoir pu mener à bien son projet.