Le catalogue des moulages en bronze réalisées par l'artiste à partir des traces laissées par les détenus de deux prisons norvégiennes dans leurs cellules.
Ce livre fait partie intégrante du projet artistique éponyme de Liv Bugge développé et produit sous les auspices de Public Art Norway (KORO) dans le cadre de la construction de nouvelles cellules carcérales dans les prisons d'Eidsberg et d'Ullersmo en Norvège.
Liv Bugge part de l'idée que le toucher et les traces laissées par le corps humain sont une forme d'expression linguistique. En collaboration avec les détenus, l'artiste a cherché et réalisé des moulages de traces physiques laissées par d'anciens détenus : surfaces usées ou vandalisées et marques grattées sur les murs. Ces moulages ont ensuite été transformés en moulages de bronze positifs ou négatifs qui ont été réintégrés dans les bâtiments. Ce travail étudie les interactions passées entre les corps humains et les surfaces dans les prisons, ainsi que les traces laissées derrière. En enregistrant et en réalisant des moulages de ces traces, Bugge transcrit ce qui pourrait être décrit comme un langage physique. Ce processus constitue une sorte de projet archéologique qui a révélé des cas d'agression d'anciens détenus : des opinions grattées sur des surfaces, ou simplement des traces ou de l'usure résultant, par exemple, du fait qu'une personne s'est assise d'une certaine manière pendant une longue période. Le projet attribue une valeur à ces formes d'expression physique en les pérénisant comme deds mini-monuments.
La commande pour Public Art Norway a coïncidé avec le projet de doctorat de Bugge à l'Académie des Arts d'Oslo (KHIO), dans le cadre duquel elle avait déjà initié un atelier avec les détenus de la prison d'Oslo. En plus de servir de guide pour les 76 moulages en bronze encastrés dans les murs des deux prisons, ce livre contient des textes de détenus, écrits en collaboration avec Sara Orning et Ingvild Hellestrand de Monsternettverket, ainsi qu'un texte de l'artiste.
Le livre est distribué à l'extérieur des prisons ; il est également disponible dans chacune des 292 cellules qui constituent aujourd'hui la capacité totale des prisons d'Eidsberg et d'Ullersmo.
Liv Bugge (née en 1974 à Oslo, Norvège, vit et travaille à Oslo et Berlin)
développe une pratique artistique qui intègre une variété de médias, avec
une prédominance marquée pour la vidéo.
La plupart de ses œuvres se situent à la frontière du rêve et de la
réalité, de la science et
de la fiction. Liv Bugge
examine les relations de pouvoir et s'intéresse plus spécifiquement à
l'acte d'agression comme force à la fois constructive et destructrice au
sein de l'espace sociétal. Au cours des dernières années, ses travaux se
sont concentrés sur les questions post-coloniales.
L'artiste explore la façon dont le système colonial est étudié et enseigné
et questionne notre relation vis-à-vis de violences perpétrées dans un
espace-temps lointain.