Un diagnostic caustique de la situation de l'art et du monde actuels, proposé par l'une de ses protagonistes majeures.
Comment penser les institutions artistiques à une époque caractérisée par la guerre civile planétaire, les inégalités croissantes et la technologie numérique propriétaire ? Les frontières de ce qu'était une institution se sont estompées. Parties de l'extorsion de tweets auprès du public, elles se prolongent dans un futur du « neurocurating » où les œuvres surveilleront les visiteurs via des dispositifs de reconnaissance faciale et d'oculométrie, évaluant leur propre popularité et détectant la présence de comportements suspects.
Dans De l'art en duty free, l'écrivaine et vidéaste allemande Hito Steyerl questionne notre capacité à apprécier et à produire de l'art à l'époque actuelle.
Que faire lorsque les fabricants d'armes financent les musées et que les œuvres d'art servent de monnaie d'échange sur des marchés spéculatifs déconnectés du travail productif ? Peut-on faire le tri entre l'information, les fake news et le bruit blanc numérique qui bombradent notre quotidien ? En s'emparant de thématiques aussi variées que celles des jeux vidéo, WikiLeaks, la prolifération des ports francs et l'action politique, Hito Steyerl dévoile les paradoxes qui traversent la mondialisation, les économies politiques, la culture visuelle et le statut de la production artistique.
« A la suite de son immense rétrospective au Centre Pompidou, celle que beaucoup considèrent comme la plus importante artiste vivante voit ses écrits enfin traduits en français – après avoir fait le tour du monde. De l'art en duty free rassemble une série d'essais brillants et corrosifs sur l'état de l'art contemporain, le fascisme capitaliste, les mondes numériques et ce qui reste de la réalité. Ils dessinent un portrait inédit de l'artiste en penseuse. »
Laurent de Sutter, Le Vif
Cinéaste, écrivaine et artiste visuelle allemande parmi les plus influentes sur la scène internationale, Hito Steyerl (née en 1966 à Munich, vit et travaille à Berlin) s'interroge sur la fonction de l'art à l'ère de la mondialisation numérique.
Steyerl a étudié la philosophie puis le cinéma à la Tokyo Academy of Visual Arts avec Shohei Imamura et Hara Kazuo et à la Munich Academy of Television and Film. En 1990-91, elle a travaillé comme assistante-réalisatrice et directrice technique pour Wim Wenders sur
Jusqu'au bout du monde. Depuis 1998, elle a participé à différents festivals internationaux et expositions d'art contemporain (Manifesta 5, Biennale de Berlin). Hito Steyerl est également connue comme essayiste et théoricienne de la critique
post-coloniale, ses recherches portant sur la globalisation culturelle, le
féminisme, l'immigration et le racisme.