Un catalogue d'« abstractions trouvées ».
La lettre volée est une exposition qui s'est tenue au
Frac Franche-Comté/Musée de Dole d'octobre à décembre 2004, rassemblant un certain nombre d'« abstractions trouvées », autrement
dit des tableaux, photographies ou sculptures abstraites dont la forme
et/ou le motif sont en fait repris d'objets "réels". Comme les
travaux inclus dans l'exposition ont tous en commun d'être des œuvres
abstraites et simultanément de trouver leur origine (forme, motif,
composition...) dans des objets ou des images préexistantes, il s'agit
donc d'une exposition d'art "concret", avec toute l'équivocité que
peut revêtir cette expression.
Le titre de l'exposition est lui-même emprunté à celui de la nouvelle
d'Edgar Allan Poe,
La lettre volée. Dans la nouvelle en question,
tout le monde est à la recherche de quelque chose qui est en fait
exposé au vu de tous.
Au-delà du simple prétexte permettant de réunir des artistes de toutes
générations et de différents pays, et du plaisir que chacun peut
prendre à l'expérience d'œuvres exceptionnelles, l'exposition entend
être l'occasion d'une réflexion en acte (i.e., en formes autant qu'en
mots) sur les changements intervenus dans l'appréhension d'un certain
nombre de problèmes et de notions centrales dans l'art de ces dernières
décennies, comme l'appropriation, l'opposition abstraction/figuration
et, implicitement, la distinction entre art et communication (qu'elle
soit d'entreprise ou d'autre chose).
Cette exposition se veut le lieu — certainement pas unique — d'un
travail qui, plutôt que de repolitiser le contenu de l'art, comme les
dernières éditions des grandes manifestations artistiques
internationales ont tenté de le faire, chercherait à sa manière à
« repolitiser la vieille question de la forme », comme disait Serge
Daney à propos du travail entrepris aux
Cahiers du Cinéma à partir des
années 60.
Loin de vouloir réanimer le formalisme pour lui-même, l'exposition
proposée par le FRAC et le Centre d'Art Mobile serait l'une des
manifestations tangibles, et retorse, de cette conviction selon
laquelle « la figuration radicale, c'est bien aujourd'hui l'objet
trouvé et/ou choisi, et une abstraction un peu poussée de la peinture
"en bâtiment". » (
Olivier Mosset à propos de
Jessica Stockholder, 1993).
Ce catalogue documente le travail de chaque artiste et comporte un
essai d'introduction générale.
Vincent Pécoil (né en 1971) est critique d'art, traducteur, directeur d'institutions et commissaire d'expositions («
À moitié carré à moitié fou » à la
Villa Arson, «
The Freak Show » au MAC de
Lyon...). Il a contribué à différentes revues (
Art & Text,
Art Monthly,
Contemporary,
Documents sur l'art,
Flash Art,
Frog,
Kunst-Bulletin,
Parkett,
Tate Etc.,
Trouble,
Zerodeux…) et publié des essais dans de nombreux catalogues. Il a été en charge de la co-direction artistique de la
Salle de bains, à Lyon, a été directeur de la galerie Triple V et du FRAC Normandie. Il est l'éditeur du recueil
Prières américaines (Les presses du réel).