Une introduction érudite au mouvement du
British Black Art depuis les années 1970 jusqu'à nos jours, proposant une nouvelle analyse d'œuvres canoniques qui interroge leur force critique depuis la perspective de l'histoire de l'art, mettant aussi en lumière l'influence des
artistes noirs britanniques sur l'art contemporain actuel.
British Black Art, l'histoire de l'art occidental en débat propose l'étude d'une série d'œuvres associées à la scène artistique trop souvent marginalisée en
Grande-Bretagne dont font partie
Rasheed Araeen,
Sonia Boyce, Chila Kumari Burman, Eddie Chambers,
Lubaina Himid et Keith Piper.
Les conditions de développement des œuvres du
British Black Art sont liées à l'histoire culturelle européenne, en particulier aux lois anti-immigration établies par Margaret Thatcher, dans la Grande-Bretagne
post-coloniale, et leurs réponses sociales passant par les révoltes, dans les banlieues des métropoles anglaises au début des années 1980s.
L'objectif des ces quatre chapitres est néanmoins de proposer d'autre récits des œuvres emblématiques du
British Black Art, en interrogeant leur force critique depuis la perspective de l'histoire de l'art. Ils appellent à une méthodologie qui dépasse l'ethnicité et le paradigme identitaire, ou encore l'approche sociologique, tout en observant les liens spécifiques développés entre les études culturelles et les œuvres du
British Black Art en tant qu'outil critique consubstantiel à leur formation. Tandis que la critique d'art, les commissaires d'exposition, les artistes et les participants du mouvement ont construit la réception critique de l'époque, il est temps désormais d'en faire la revue critique et de mettre en perspective les textes fondateurs de Rasheed Araeen, Gilane Tawadros et de Kobena Mercer, en regard du révisionnisme de l'histoire de l'art à l'époque actuelle.
De manière simultanée, l'ouvrage problématise la capacité critique d'œuvres qui souvent introduisent l'identité politique au cœur de l'histoire de l'art occidentale en tant qu'outil de sa propre déconstruction. Tandis que les débats actuels de l'histoire de l'art visent une révision des récits de l'histoire de l'art occidental à partir d'une géographie étendue, ou à partir de l'étude des transferts artistiques, ce livre propose une réécriture de l'histoire de l'art occidentale en tant que récit hétérogène, à partir de la posture critique développée par les œuvres elles-mêmes.
Sophie Orlando est autrice, historienne de l'art et chercheure, professeure en histoire et théories de l'art à l'École Nationale Supérieure,
Villa Arson, Nice. Elle tente de comprendre la fabrique des savoirs artistiques et les processus de leur dénormalisation. Elle a publié de nombreux articles sur les politiques identitaires, les
Black studies et l'art contemporain en
Grande-Bretagne (
Revue de l'art,
Muséologie) et en particulier sur le
British Black Art (
Critical Interventions,
Critique d'art). Elle a conduit la monographie de l'artiste Sonia Boyce,
Thoughtful Disobedience (Les presses du réel / Villa Arson). Elle a également co-édité un numéro des
Cahiers du Mnam intitulé « Globalisées, mondialisées, contemporaines. Pratiques, productions et écritures de l'art aujourd'hui, 2013 ». En tant que chercheure du programme AHRC « Black Artists and Modernism » (2015-2018, UAL, Middlesex University, Londres), elle co-dirige avec l'artiste susan pui san lok et le commissaire Nick Aikens le colloque, puis l'ouvrage numérique
Conceptualism : Intersectional Readings, International Framings (Van Abbemuseum, 2019).
Depuis 2019, elle participe aux approches critiques de l'éducation artistique. Elle dirige une édition numérique et une collection d'ouvrages « La surface démange » à propos des pédagogies critiques, institutionnelles et alternatives en art.