Soundtrack pour ascenseur exotique, muzak innocente, a priori seulement, orchestre de paillettes et de pacotille (la bande-son de l'installation éponyme de Pierre Beloüin en « homme orchestre »).
L'histoire de l'art récente a connu successivement des artistes “sans” œuvres (dématérialisées) et d'autres “sans” art (où “tout est art”), ou bien encore des œuvres “sans” auteur (voir les appropriationistes)... Le travail de Pierre Beloüin pourrait sans doute revendiquer ici quelques-unes de ses filiations et trouver naturellement sa place sur ce grand échiquier du rapport ambiguë de l'artiste à l'art. Car ce qui fait l'une des spécificités de son œuvre, outre le fait qu'elle s'appuie également sur une connaissance pointue des contre-cultures, c'est le statut que défend son auteur, un statut plus volontiers associé au monde de la musique ou du cinéma, à savoir celui de producteur. Producteur d'artistes, de musiciens, d'œuvres, de produits... Revendiquant la pratique de l'art comme moyen de collaborations, Pierre Beloüin devient le cœur d'un réseau ouvert multipliant les ramifications et le développement de projets en tout genre (du partenariat au commissariat en passant par l'édition de disques, de badges, l'organisation de concert...). Ce qui signe d'emblée ce travail, c'est le désir affirmé de multiplier les champs plutôt que de les soustraire et d'inscrire ainsi sa pratique au sein du label Optical Sound (dont il est le créateur) dans sa production plastique. Qu'elle soit jouée ou citée, la musique, son actualité et son histoire, ses codes et ses croisements, constitue donc le socle à partir duquel tout s'élabore. Et c'est alors en Homme orchestre, que l'artiste se présente, autoportrait à la cravate blanche sur chemise rouge aussi décalé et faussement naïf que le morceau “exotica” qui tourne en boucle et accompagne l'installation. C'est sans doute parce que la musique dépasse son seul territoire, qu'elle emporte avec elle un lifestyle et appelle la conscience et la révolte, le plaisir et le jeu, qu'elle fascine. Pierre Beloüin semble annoncer son désir de faire basculer définitivement dans le champ de l'art cette attitude frondeuse et résistante. Aux manettes d'un projet dont un des buts pourrait être celui d'affirmer le rapprochement, voire la fusion, des disciplines artistiques, il met en œuvre les moyens d'une attitude dans la forme.
Guillaume Mansart
Edition limitée à 300 exemplaires.
Pierre Beloüin (né en 1973, à Toulon, vit et travaille à Ollioules, Paris et Strasbourg) est un artiste pluridisciplinaire, dont la pratique se trouve à la frontière des
arts sonores et plastiques. Il est le fondateur d'
Optical Sound.
Yann Jaffiol est un musicien, producteur et ingénieur du son basé à Nantes.
Musicien électronique, producteur et ingénieur du son français, également vidéaste et acteur à ses heures, Norscq (Jean-Louis Morgère) est un pilier de la scène musicale française underground depuis les années 1980.
Il est membre fondateur en 1984 du groupe culte et iconoclaste The Grief et du label Les Nourritures Terrestres. À partir de 1998, il a produit deux albums sous le nom de The Atlas Project puis a travaillé à partir de 2000 sous son propre nom mais aussi en collaboration avec
Black Sifichi dans leur duo Super Stoned qui a pris forme en 2004. Il est connu pour être musicalement imprévisible, développant un art tout particulier du ciselage et de la sorcellerie dans son approche du façonnage du son. Cette qualité a amené de nombreux musiciens, performers (
Cocoon, Colder, Von Magnet,
Marc Ribot, Jack Dangers,
JG Thirlwell,
Simon Fisher Turner, Quattrophage, Wild Shores, Encre, dDamage, Minsurar, Hypo, EDH, Emmanuel Tugny, etc.) et labels de tous horizons à travailler avec lui, principalement dans l'univers clos des studios d'enregistrement, enregistrement et production, mixage, mastering ou restauration sonore (Born Bad Records) mais aussi sur scène (Young Marble Giants, festival BBmix...).