Le courant des musiques industrielles, apparu au milieu des années 1970, loin de s'en tenir à un phénomène d'expérimentation sonore a produit en quelques années une culture visuelle globale croisant de nombreuses pratiques artistiques (collage,
mail art, installation, film, performance, son, vidéo), dans un dialogue étroit avec l'héritage de la modernité et sous l'emprise croissante des technologies. Ce phénomène britannique amorce un mouvement qui connaît un grand développement en Europe, aux États-Unis et au Japon durant les années 1980. Élaboration de synthétiseurs, manipulation et transformation de sons enregistrés issus de bandes audio, recyclées ou conçues par les artistes, les expérimentations sonores déployées par les groupes industriels viennent enrichir un éventail de productions visuelles radicales, prenant leurs sources dans les utopies modernistes de la première partie du XXe siècle. Les sons saturés et dissonants se traduisent en images abrasives, altérées par un détournement des techniques de reprographie (
Xerox art) qui investissent des thèmes ambivalents, pour le moins polémiques pour l'époque : contrôle mental, criminalité, occultisme, pornographie, psychiatrie et totalitarisme, notamment.
Ce livre entend inscrire le projet visuel de la culture industrielle dans une histoire générale de l'art en analysant la dissidence d'une scène qui anticipe les problématiques actuelles autour des médias et de leur pouvoir coercitif.
« [Dans] cet ouvrage en tout point remarquable, qui explore une question finalement trop peu évoquée [...], Nicolas Ballet éventre littéralement son sujet, en explore minutieusement tous les recoins, éclairant ainsi le lecteur sans laisser la moindre zone d'ombre. [...]
Shock Factory sonde, avec pertinence et en profondeur, l'image de la musique industrielle au travers de la myriade de thématiques qu'elle mettait à l'œuvre – et ce qui aurait pu s'avérer une assommante somme d'informations (aussi passionnante, exhaustive et précise soit-elle) est en réalité l'un des livres les plus passionnants sur la musique qu'il m'ait été donné de lire. »
Laurent Nerzic,
Revue & Corrigée
«
Shock Factory, écrit par Nicolas Ballet, historien de l'art et conservateur de musée, est consacré à la culture visuelle dont on oublie souvent les liens avec les scènes musicales des années 1970 à 1990.
Dans ses recherches denses, fouillées et brillantes, l'auteur se concentre sur des productions réalisées "par une communauté de musiciens, performers, plasticiens et vidéastes qui ont évolué en marge des circuits institutionnels de l'art".
[...] Le livre est pétri d'histoires spécifiques qui sont autant de points de rencontres entre appartenance de classe, précarité économique, "douleur industrielle" et identité de genre. »
Jill Gasparina,
Critique d'art
« Richement documenté et érudit, l'ouvrage de Nicolas Ballet se penche sur un pan majeur de la contre-culture des années 1980-90. »
Julien Bécourt,
Artpress
« L'historien de l'art Nicolas Ballet fait le point sur une scène souterraine et puissante. [...] Ce
Shock Factory est un livre d'une pertinence rare sur un sujet somme toute relativement peu arpenté jusqu'ici. »
Philippe Simon,
Le Temps
« Des photomontages de Throbbing Gristle à l'esthétique paranoïaque performative de Monte Cazazza en passant par l'ésotérisme irrationnel des pochettes de
Coil ou l'art du détournement totalitaire de l'imagerie de Laibach, la musique industrielle a largement contribué à façonner une culture visuelle globale particulièrement riche. [...] Pourtant, l'apport indéniable du courant industriel à une hybridation artistique bousculée dans ses codes et ses genres à partir du début des années 70 a largement été omis des ouvrages de référence qui se sont multipliés depuis [...]. La faute sans doute à une radicalité brute, souvent trop transgressive pour pénétrer pleinement le champ de l'art contemporain. En ce sens, l'ouvrage de Nicolas Ballet comble presque une injustice : celle de relier enfin pleinement cet avant-gardisme formel brut à une histoire générale de l'art, sans éviter pour autant d'en aborder les controverses politiques ou les déviances occultes elles aussi bien lisibles.
Shock Factory s'inscrit donc dans l'âge d'or historique de ce mouvement pluridisciplinaire dont il tire le fil de traits de lecture parfois surprenants et transgénérationnels, en reliant par exemple
John Balance de Coil à
Dalí ou l'artwork de
Steven Stapleton de
Nurse with Wound aux figures anticipées de cyborg du courant dadaïste berlinois des années 20. »
Laurent Catala,
New Noise
« Nicolas Ballet distingue, dans son corpus composé de pochettes de disque, de photos, de flyers, de vidéos et d'affiches, des thématiques qui révèlent l'ampleur de la réflexion menée par les acteurs du mouvement industriel. »
Camille Viéville,
The Art Newspaper
Docteur en histoire de l'art et attaché de conservation au Centre Pompidou, Nicolas Ballet consacre ses recherches aux cultures visuelles alternatives, à l'art expérimental, aux
sound studies et aux avant-gardes artistiques. Il enseigne l'histoire de l'art contemporain à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et a écrit de nombreux textes explorant les apports visuels et sonores des contre-cultures et des pratiques artistiques expérimentales. Il est l'auteur de deux livres sur
Genesis P-Orridge et a notamment publié dans
Les Cahiers du Musée national d'art moderne,
Octopus Notes,
Marges,
OpticalSound,
Volume !,
Revue & Corrigée,
Klima, dans les
Cahiers du CAP et
Histo.art aux Éditions de la Sorbonne, ainsi que dans des ouvrages consacrés aux œuvres de Nigel Ayers et de Zoe Dewitt. En 2023, il a été le commissaire de l'exposition «
Who You Staring At? Culture visuelle de la scène no wave des années 1970 et 1980 » au Centre Pompidou.