C'est suite à l'invitation d'Otomo Yoshihide pour rejoindre la compilation
Turntable solo qu'eRikm réalise cette cassette. Il venait de ranger sa guitare et de quitter Kill The Thrill. Il bricolait les platines vinyles depuis 1993 et rejoignait en 1995 le projet Les Sculpteurs de Vinyle. Et très vite la rencontre avec Otomo Yoshihide ou
Christian Marclay le persuada de continuer dans cette voie.
Si
Zygosis, son premier CD sorti en 1999, également chez Sonoris, annonçait tout son travail à venir, on peut déjà ressentir certaines de ses caractéristiques dans
L'art de la fuite. Un discours de platiniste se développe quittant le champs de la citation pour instrumentaliser la platine, explorer la répétition, la saturation, réinventer un geste musical, tout en réinjectant la machine sur elle-même. Un travail brut et direct qu'il est passionnant de (re)découvrir.
« L' art de la fuite est une sélection de pièces sonores réalisées entre 1994 et 1995. Elles sont issues de ma quatrième k7 auto-produite.
À la réécoute de L'art de la fuite 20 ans plus tard, je ne peux pas m'empêcher d'entendre la candeur du propos, ainsi que les problématiques développées les années suivantes.
Je qualifierais aujourd'hui, L'art de la fuite, comme étant une suite d'études aux bruits, où s'expérimentent des détournement d'outils sonores (tournes disques, lecteur cd, etc. ) inclus dans un dispositif d'effet pour la guitare.
Dans ce disque et cette sélection, le détournement de la fonction originale d'un tourne disque reste centrale. En revanche, différents processus et actions s'opèrent avec un choix restreint de vinyles issus du commerce et ayant subit quelques préparations relativement barbares :
– coupures des sillons au scalpel afin de créer des boucles souvent indéterminées
– découpage en deux ou en quatre d'un vinyle pour le ré-assembler en mélangeant les faces, comme avait pu le faire l'artiste
Milan Knížák en 1965
– brûler la surface des sillons etc. […]
Editer aujourd'hui L'art de la fuite sur le label Sonoris, premier label m'ayant fait une commande d'album (
Zygosis en 1999), est un choix évident. »
eRikm, 2015
Compositeur et musicien improvisateur, plasticien et vidéaste, virtuose des
platines et des arts sonores, eRikm (né en 1970, vit et travaille à Marseille) développe une approche ouvertement prospective du médium technologique. Il conçoit, seul ou en collaboration (avec
Luc Ferrari,
Christian Marclay,
Akosh S., Mathilde Monnier,
Bernard Stiegler, FM Einheit…), des œuvres transversales qui constituent une vision kaléidoscopique singulière et mettent en tension l'intime et le politique, le populaire et le savant.
Voir aussi
Sury-Tanuki (eRikm &
Caroline Sury).