Cet ouvrage, accompagné de nombreuses images, de deux textes inédits de Cécile Fontaine ainsi que d'une préface et d'une postface signées par Yann Beauvais – figure emblématique du cinéma expérimental en France qui a grandement contribué à faire connaître l'œuvre de Cécile Fontaine – constitue un long et passionnant périple dans l'univers de la cinéaste.
Dans la salle obscure de Light Cone, les deux artistes se rencontrent pour visionner ensemble et dans l'ordre chronologique ce corpus protéiforme en expansion permanente. Pendant la projection en salle de ces films, une discussion fleuve vient élucider la fabrication et les enjeux esthétiques de chacun d'entre eux et devient la matière première de ce livre.
« J'aime bien travailler la matérialité du film, l'objet devient un matériau que je transforme avec des outils non cinématographiques.
A la manière d'un explorateur, j'attaque chaque nouvelle surface que sont les films trouvés ou donnés, de tous types, formats et sources. Je modifie leurs textures, couleurs, images en les soumettant à la réaction de différents produits, façonnant un nouvel objet filmique hybride par un travail de collage et de recomposition, suivant un fil conducteur suggéré par les sources de départ. »
Cécile Fontaine
Cécile Fontaine (née en 1957 dans le sud de la France) a grandi sur l'île de
La Réunion avant de suivre des études d'art en France (1975-1979) et à Boston, États-Unis (1980-1986), où elle commence à faire des films en 1982 suite à un cours du soir au Massachussetts College of Art, puis comme élève à plein temps à l'école du Museum of Fine Arts, section
cinéma. Revenue en France en 1986, elle vit depuis à Paris, enseignant l'art à plein temps dans une école primaire et réalisant des films.
Cécile Fontaine a construit depuis le début des années 1980 un corpus de plus de cinquante films. Son œuvre témoigne d'une des pratiques les plus singulières dans la constellation du
cinéma expérimental : le film conçu comme collage – à la fois pictural et cinématographique.
Elle envisage le cinéma comme un support travaillé dans sa matérialité, un réservoir d'images extraites de leur lieu d'origine, qu'elle manipule et détourne selon d'autres associations formelles et/ou sémantiques.
Cinéaste, Yann Beauvais (né en 1953 en France) est depuis la fin des années 1970 un acteur de premier plan du
cinéma expérimental, un cinéma « mineur » qu'il a énergiquement contribué à défendre et à affirmer. Formé par des études de philosophie et de cinéma, il se révèle très influencé par l'
art contemporain (formalisme russe et structuralisme minimal) et la
musique savante, ainsi que par son amitié avec
Paul Sharits.
Tout à la fois critique, programmateur et commissaire d'exposition, il a été un des fondateurs en 1982 de
Light Cone, coopérative devenue un des lieux phares de conservation et de diffusion des films expérimentaux. En parallèle de son travail filmique, Yann Beauvais a œuvré sans relâche à la constitution d'un champ artistique : il a contribué à en écrire l'histoire et à transmettre un corpus fondateur, à former une communauté d'auteurs et de spectateurs, à faire circuler des films entre l'Europe, les États-Unis, l'Amérique latine et l'Asie, tout en délimitant un ensemble de problèmes que devait affronter le film envisagé comme un medium à part entière. Pionnier du cinéma gay et queer, engagé dans les luttes du
Sida, Yann Beauvais a aussi mis en question les formes de la politique filmique et la manière dont le cinéma pouvait se faire la voix d'individus et de groupes minoritaires.
Il a publié entre autres :
Musique film avec Deke Dusinberre (1986),
Mots : dites, image avec Miles McKane (1988),
Poussières d'images (1998) ou encore
Monter/Sampler avec
Jean-Michel Bouhours (2000).