Le néologisme « morestalgia », inventé par Riccardo Benassi, réfléchit à l'évolution de la notion de nostalgie post-internet, en explorant la mémoire et les affects, les migrations et le mal du pays, la phénoménologie et la conception des interfaces ou encore l'histoire et la futurologie. Selon l'artiste, la « morestalgie » peut être définie comme une « nostalgie augmentée ». Il s'agit d'une mélancolie spécifique ; l'affliction qu'elle provoque peut être assimilée à une forme de désir, un sentiment de manque compris comme une perte. Les êtres humains morestalgiques souhaitent vivre une expérience qu'ils imaginaient plausible mais, au lieu de la faire émaner de leur passé, ils la remplacent par une navigation immersive sur le web. L'artiste soulève plusieurs questions : comment les réseaux sociaux et les communautés en ligne ont-ils contribué à unifier et normaliser des passés subjectifs ? L'empathie numérique peut-elle devenir un outil pour remodeler l'avenir plutôt que pour créer une alliance autour d'un passé théoriquement collectif ? En d'autres termes, comment transformer un sentiment subjectif d'appartenance en un avenir collectif ?
Riccardo Benassi (né en 1982 à Crémone, vit et travaille à Berlin) est l'un des artistes italiens les plus prolifiques de sa génération, ainsi qu'une figure essentielle de la scène musicale expérimentale européenne. Son travail se distingue par son approche pluridisciplinaire qui se concentre sur les impacts de la technologie dans notre rapport à l'espace et réfléchit à la manière dont les dispositifs technologiques modifient radicalement les structures de vie et du réel, de l'architecture à la politique, en passant par la production culturelle et la consommation.