Une critique politique et esthétique radicale du capitalisme racial ainsi que des modes d'expérimentation sociale en forme de résistance au commun
colonial, par Stefano Harney (théoricien en économie politique) et Fred Moten (poète et théoricien des
black studies).
Les sous-communs est une série d'essais publiée en 2013 par deux amis, Stefano Harney et Fred Moten. Les auteurs y proposent une critique du capitalisme racial et de ses outils, ainsi que des modes d'expérimentation sociale en résistance au colonial. La recherche passe par l'étude et se déroule bien au-delà de l'université, au travail, lors d'une pause cigarette, en famille, autour d'un repas, à la lisière de la lutte et de la fuite, à l'intérieur d'un mouvement de tremblement des fondations impérialistes, d'un mouvement de refus des termes du combat tel qu'il est imposé, vers la construction d'un espace social et politique en perpétuel déplacement. Le lieu et l'être sous-communs relèvent de l'incertitude de la création collective, de l'habitation par l'échange, de l'improvisation comme critique.
Les sous-communs s'écrit dans le sillage de la tradition radicale noire de manière à la fois théorique et poétique, auprès d'auteurices comme Cedric Robinson, Saidiya Hartman, Édouard Glissant ou Frantz Fanon. Cette édition, accompagnée d'une préface de Jack Halberstam, est le fruit d'un travail collectif de traduction mené lors d'ateliers durant un peu plus de deux ans.
« Y a-t-il une façon d'être intellectuelle qui n'est pas sociale ? Quand je pense à la manière dont nous utilisons le mot "étude", je crois que nous sommes attachés à l'idée que l'étude est ce qu'on fait avec d'autres. C'est parler et se balader avec des gens, travailler, danser, souffrir – une irréductible convergence des trois, contenus dans l'expression pratique spéculative. Il y a l'idée d'une répétition – être dans un genre d'atelier, jouer dans un groupe, en impro, des vieux assis devant chez eux, ou des gens qui travaillent ensemble à l'usine… ces différents modes d'activité. (…) Faire ces choses signifie être impliqué·e dans une sorte de pratique intellectuelle commune. Ce qui est important c'est de réaliser que ça a déjà été le cas – parce que cela (te) permet d'accéder à toute une histoire de la pensée, multiple, alternative. »
Seconde édition (2024).
Stefano Harney (né en 1962) est chercheur et professeur au Dutch Art Institute, il enseignait auparavant en Strategic Management Education à l'université de management de Singapour. Il est co-fondateur de la résidence de lecture Ground Provisions et du collectif d'enseignant.e.s School for Study. Il est l'auteur de The Ends of Management (co-écrit avec Tim Edkins, 2013) et State Work: Public Administration and Mass Intellectuality (2002).
Fred Moten (né en 1962) est poète et professeur au département de
Performance Studies de l'université de New York, Tisch School of the Arts. Spécialiste des
black studies et théoricien de la
performance, il est notamment l'auteur de
The Universal Machine (consent not to be a single being), Duke University Press, 2018 ;
Stolen Life (consent not to be a single being), Duke University Press, 2018 ;
Black and Blur (consent not to be a single being), Duke University Press, 2017 ;
The Service Porch, Letter Machine Editions, 2016 ;
B Jenkins, Duke University Press, 2009 ;
In the Break: The Aesthetics of the Black Radical Tradition, University of Minnesota Press, 2003.