Un point sur les pratiques sonores expérimentales aujourd'hui.
Le XXe siècle a été le théâtre d'une recherche intense et plurielle dans le champ musical, remettant sur le chantier l'ensemble des normes qui structuraient et définissaient la nature même de la musique : du
futurisme à la
noise, en passant par l'improvisation, la
poésie sonore, l'électroacoustique, la
live electronic music, ou encore l'
installation sonore, furent ainsi reconsidérés les rapports entre musique et bruit, musiciens et non-musiciens, à l'
espace et au
langage, les notions de forme et de temps musical, les modalités de la création sonore, tout comme sa relation avec le quotidien et les autres arts. Si l'expression «
musiques expérimentales » a pu désigner durant la seconde moitié du XXe siècle – et plus particulièrement dans les pays anglo-saxons – les recherches effectuées principalement dans une filiation diffuse avec l'esthétique
cagienne, elle semble aujourd'hui beaucoup plus large, embrassant toute pratique se développant sur le terreau fertile des expériences musicales du siècle dernier, mais aussi sous l'influence des musiques populaires.
Les contributions réunies ici – écrits d'artistes, recherches universitaires ou essais critiques – ont valeur d'introspection de cette diversité, tout du moins d'une partie. Elles abordent tour à tour les notions d'expérience et d'indétermination, les rapports au bruit et au territoire, l'esthétique minimaliste et l'improvisation, le
field recording, l'électroacoustique et l'électronique, l'approche conceptuelle, l'influence du metal, ou encore la place du son dans le champ de l'art contemporain, dessinant dans leur articulation les contours de ce que peut être l'expérience de l'expérimentation.
Cette édition numérique repose sur l'
édition papier du même ouvrage paru en 2015 (épuisé), suite au cycle de conférences éponyme organisé par les Instants Chavirés durant toute l'année 2011.
Matthieu Saladin, artiste et musicien, vit et travaille à Paris. Sa pratique s'inscrit dans une approche
conceptuelle de l'art, réfléchissant, à travers un usage récurrent du son, sur la production des espaces, l'histoire des formes et des processus de création, ainsi que sur les rapports entre art et société du point de vue économique et politique.
Il est maître de conférences en arts sonores à l'université Paris 8, membre de l'équipe TEAMeD au sein du laboratoire Arts des images et art contemporain (AI-AC) et chercheur associé à l'institut ACTE (université Paris 1 – Panthéon – Sorbonne, CNRS UMR 8218). Sa recherche théorique porte principalement sur l'
art sonore et les
musiques expérimentales. Il codirige la collection
Ohcetecho aux Presses du réel, participe aux comités de rédaction des revues
Volume! et
Revue et Corrigée, et est directeur de rédaction de la revue de recherche
Tacet.