Livre d'artiste composé de 41 titres d'œuvres littéraires retranscrits en
traduction homophonique, d'après la tradition oulipienne. Un exercice de
poésie
concrète, à voir autant qu'à lire.
Quarante et un titres autrement est un livre
d'artiste qui met en scène 41 titres de livres d'écrivains connus.
Les titres sont écrits en sonotraduction ou ce que les oulipiens appellent
« traduction homophonique » (La Chute de Camus devenant
Lâche Hutte par exemple). Cette forme de traduction peut être
pratiquée d'une langue à l'autre (Mots d'heures : Gousse, Rames,
sonotraduction en 1969 de Luis Van Rooten à partir des comptines anglaises
Mother Goose's Rhymes) ou à l'intérieur de la même langue (Et
ma blême araignée, ogre illogique et las de Victor Hugo pour Aimable,
aime à régner au gris logis qu'elle a).
Chaque titre est écrit en majuscules, dans une typographie à caractère
littéraire avec empattements et mis en espace dans la page de manière à ce
que la progression de la lecture soit rythmée visuellement.
Les titres ont été choisis en fonction de leur potentiel de
transformation en sonotraduction. Il s'agit de livres considérés comme des
« canons » de la littérature (Le Vieil Homme et la Mer,
La Chute, Crime et Châtiment, Cent ans de Solitude…),
avec quelques exceptions reflétant les goûts de l'artiste pour certains
écrivains et titres singuliers (Un truc soi-disant super auquel on ne
me reprendra pas de David Foster Wallace et Les Braves Gens
ne courent pas les rues de Flannery O'Connor).
L'agencement des titres sur une double page a été pensé en fonction du
sens premier de ceux-ci, mais aussi des sens générés par la sonotraduction
(L'abbé tue mène / Lésant faon tas nerf).
Il s'agit d'un livre à voir autant qu'à lire, dans une perspective se
référant à la poésie concrète comme aux expérimentations oulipiennes.
Fabienne Radi (née en 1960 à Fribourg) écrit (essais, fictions, poèmes), fait des éditions d'artiste (livres, affiches, disque) et enseigne en école d'art (
Head, Genève). Les titres, les plis, les malentendus, les coupes de cheveux, les dentistes, Paul Newman et Shelley Duvall sont des motifs récurrents dans son travail. Prix suisse de littérature 2022 avec
Émail Diamant (art&fiction), elle a écrit notamment
Une autobiographie de Nina Childress (Beaux-arts de Paris, 2021).