Une exploration collective de 45 années d'activités poétiques protéiformes, entre texte imprimé, texte exposé et texte proféré : une somme de 450 pages composée d'une trentaine d'interventions d'universitaires et de poètes, avec de nombreuses illustrations, dirigée par Anne-Christine Royère.
Se déployant dans le sillage des poésies concrètes, visuelles et sonores nées dans les années 1950-1960, la poésie de Michèle Métail frappe par sa singularité. Tout d'abord parce qu'elle s'enracine, dès 1975, à la fois dans la contrainte oulipienne et dans la poésie sonore ; ensuite parce qu'elle est intrinsèquement multilingue et multiculturelle, rayonnant notamment en Allemagne et en Chine ; enfin parce qu'elle explore les contiguïtés sonores, visuelles et textuelles des arts poétiques et plastiques dans des œuvres personnelles ou en collaboration avec le compositeur Louis Roquin.
Cet ouvrage se propose d'éclairer ces quarante-cinq années d'activités poétiques protéiformes, d'en fournir les clés contextuelles et biographiques, de faire saillir les thèmes et les concepts qui nourrissent l'œuvre, et d'analyser les poétiques propres aux trois modalités médiatiques fondamentales d'exploration du texte poétique chez Michèle Métail : le texte imprimé, le texte exposé et le texte proféré.
Dans un double mouvement rétrospectif d'archivage et prospectif d'études poétiques, il fait appel à des chercheurs internationaux, mais aussi aux poètes et artistes témoins de son parcours créatif. S'il sonde les domaines littéraire, plastique, et performatif de l'œuvre, il souhaite aussi éclairer les relations que Michèle Métail entretient avec l'Allemagne, la Chine et le Japon, sources d'une importante activité de création et de traduction. Enfin ce livre se veut un outil de recherche pour les futurs chercheurs en publiant, pour la première fois, une bibliographie exhaustive et un catalogue de ses œuvres plastiques.
« Cet ouvrage collectif [consacré à Michèle Métail] répond à une évidente nécessité. Le volume propose un véritable bilan de son œuvre, s'ouvrant par un entretien très complet avec Michèle Métail, qui expose ses grandes étapes et ses lignes de force. Il comporte également une bibliographie critique et un répertoire des publications (y compris lorsqu'elles ont été performées ou exposées). C'est donc un outil extrêmement précieux [...]. Le volume fait le tour d'une œuvre particulièrement foisonnante et multiforme, ce qui constitue presque un exploit. Et on ne doute pas que ce beau volume, beau dans tous les sens du terme, suscitera d'autres travaux [...]. La Poésie en trois dimensions n'est pas destiné à clore un propos mais à susciter sa reprise et son prolongement, pour une œuvre qui nous ouvre à de multiples horizons. »
Cécile De Bary, Fabula
Anne-Christine Royère est maître de conférences en Littérature française à l'Université de Reims Champagne-Ardenne et membre du Centre de Recherche Interdisciplinaire sur les Modèles Esthétiques et Littéraires (CRIMEL).
Michèle Métail (née en 1950 à Paris) est poètesse, figure essentielle de la poésie expérimentale et sonore. Elle diffuse, depuis 1973, ses textes au cours de « publications orales », la projection du mot dans l'espace représentant le « stade ultime de l'écriture », son travail étant avant tout celui d'une « présence dans la langue ». Diapositives et bande-son accompagnent parfois ses lectures (plus de 500, en France et à l'étranger), entre oralité et visuel, où elle travaille l'allitération et l'assonance comme un parasitage, un brouillage du sens.
Auteure
d'une thèse de doctorat sur les formes poétiques de la Chine ancienne, elle traduit des poètes chinois et allemands contemporains (Ursula Krechel, Christiane Schulz, Thomas Kling, Walter Thümler…), ainsi que de nombreux poètes chinois anciens.
Entrée à l'OuLiPo en 1975, Michèle Métail a pris ses distances vis-à-vis du groupe. Elle a notamment fondé en 1979 l'association « Dixit » avec Bernard Heidsieck, puis, en 1995, avec le compositeur Louis Roquin, l'association « Les arts contigus », qui a organisé plusieurs manifestations inter-disciplinaires.
Michèle Métail a reçu le Prix littéraire Bernard Heidsieck – Centre Pompidou (prix d'honneur) en 2018.