Cette publication offre une lecture approfondie d'
Olt, un projet conjoint inspiré par l'utilisation d'un cercle rouge par la compagnie Elf dans le cadre d'une campagne de 1967. L'ouvrage met en avant l'intérêt commun des deux artistes pour le
design graphique et l'art des bords de route, et propose un texte érudit de Jill Gasparina sur le cercle comme symbole de la modernité visuelle, ainsi qu'un entretien avec Mosset et Sauvage.
Cet ouvrage rend compte d'un projet initié par Jean-Baptiste Sauvage. En 2013, l'artiste tombe sur la photographie d'un rond rouge peint sur le pignon d'une station-service, et se souvient qu'il a déjà croisé de tels ronds rouges lors de ses pérégrinations sur les routes françaises.
Ces formes géométriques font écho au travail de peinture murale abstraite qu'il développe alors : des
appropriations de logotypes qu'il remet en circulation dans l'
espace public. Il décide d'entreprendre des recherches plus précises, et découvre l'ampleur de la campagne de communication, orchestrée à l'occasion du lancement de la marque Elf, en avril 1967. Il commence à constituer un fonds documentaire hétéroclite – cartes postales, imprimés publicitaires, objets promotionnels, photographies d'époque –, photographie des vestiges de ronds rouges encore présents le long des routes et contacte certains protagonistes de la campagne, comme Jean-Marc Chaillet ou Alain Boisnard.
Le projet prend une tournure nouvelle lorsque Jean-Baptiste Sauvage croise Olivier Mosset au hasard d'un vernissage : il connaît la sensibilité de ce dernier pour l'art des bords de route, ainsi que son intérêt pour les « abstractions trouvées ». Les deux artistes décident de « refaire » l'un de ces ronds rouges. Après une phase de repérage, ils choisissent la station de Peyrus, au pied du Vercors, dans la Drôme. Le rond rouge est inauguré en juillet 2017.
Alors qu'il était encore en phase de repérage avec Olivier Mosset, Jean-Baptiste Sauvage parle de son projet à Fabienne Grasser-Fulchéri, directrice de l'Espace de l'Art Concret, qui décide d'inviter les deux artistes. Il existe en effet une convergence entre ces recherches et l'identité de l'Espace de l'Art Concret : la collection comprend de nombreux créateurs qui ont œuvré à la fois dans le champ de l'art et dans celui du design graphique. Les œuvres d'Olivier Mosset sont par ailleurs présentes dans le fonds de la Donation Albers-Honneger. L'exposition, qui ouvre en avril 2017, présente des œuvres de Jean-Baptiste Sauvage et d'Olivier Mosset, une documentation de leurs recherches et repérages et des archives de la campagne de lancement de la marque Elf.
Jean-Baptiste Sauvage a très tôt l'idée de donner un développement éditorial à ce projet, et, dès 2015, commence à y réfléchir avec Jean-Marie Courant. Ce dernier propose que Jill Gasparina y soit associée en tant qu'auteur. Le présent ouvrage, dernier volet en date du projet Olt, offre une lecture approfondie de ce qui est en jeu dans la proposition de Mosset et Sauvage, et déploie par le texte et l'image l'histoire dans laquelle elle s'inscrit.
Né en 1944 à Berne, Olivier Mosset vit et travaille à Tucson, Arizona. L'un des quatre jeunes artistes du groupe
BMTP (avec
Daniel Buren,
Niele Toroni et
Michel Parmentier) qui se révoltèrent en 1967-68 contre l'institution artistique, son œuvre dépasse largement cette époque. Installé aux Etats-Unis depuis 1977, Mosset, seul artiste européen à s'être immédiatement situé dans la postérité de la grande
peinture abstraite américaine, a pu construire une œuvre à la mesure à la fois des formats américains et de la réflexion critique occidentale.
Abstraction géométrique, monochrome puis post-abstraction : le travail de Mosset, qui se dit lui-même
peintre avant d'être artiste, s'appuie sur un principe de neutralité, de radicalité et d'effacement qui interroge constamment les limites de la peinture.
Qu'il emprunte des logos ou des motifs trouvés dans la publicité pour les réinjecter dans le réel, ou qu'il s'appuie sur une recherche spécifique comme le projet Olt, le travail de Jean-Baptiste Sauvage (né en 1977 à Saint-Étienne, vit et travaille à Marseille) s'élabore le plus souvent à partir de gestes in situ. Ses interventions peuvent se déployer dans l'environnement urbain (comme la série de peintures murales qu'il a entamée en 2011), ou dans les espaces d'exposition. Elles se prolongent aussi à travers des projets éditoriaux (On Forme, en 2009, Razzle Dazzle / Blue Line, en 2014). Il privilégie également les collaborations avec des artistes, ou des graphistes. L'image, qu'il envisage à la fois comme un médium et un outil, joue un rôle central dans son travail, qui est porteur d'une réflexion « sur les idéologies et les dysfonctionnements dénotés par la formalisation et la “pictorialisation” de nos espaces de vie » (Anne Giffon-Selle). Jean-Baptiste Sauvage est membre du comité de rédaction de la revue Dé(s)générations. Il enseigne à l'École des beaux-arts de Marseille depuis 2011.
Texte de Jill Gasparina.
Entretien avec Olivier Mosset & Jean-Baptiste Sauvage par Jill Gasparina.
Conception graphique : Jean-Marie Courant & Malou Messien (Catalogue Général).
Publié par Catalogue Général.
paru en septembre 2018
édition bilingue (français / anglais)
17,5 x 26,8 cm (broché, couv. à rabats)
160 pages (ill. coul. et n&b)
ISBN : 979-10-92677-06-5
EAN : 9791092677065
épuisé