Une évocation
photographique de
La Maison de verre de
Lina Bo Bardi, examinant la relation entre la lumière, la structure du bâtiment et son environnement proche. Première réalisation de l'artiste au
Brésil, ce modèle d'alliance moderniste et d'
architecture vernaculaire brésilienne est superbement mis en valeur par les clichés de l'artiste Armando Andrade Tudela.
Initialement présenté sous la forme d'un diaporama à la 27e biennale de Sao Paulo, Nine Images of the Glass House and One Portrait est ici transposé sous la forme d'un livre de photographies. Cette publication est constituée de dix images prises dans la Maison de verre de Lina Bo Bardi (Casa de Vidrio, 1950-1953) – première réalisation de l'architecte après son arrivée au Brésil à la fin des années 1940.
Cet édifice est probablement le premier exemple d'une construction conjuguant le vocabulaire moderniste avec cette manière, propre à l'architecture vernaculaire brésilienne, de s'intégrer à un environnement naturel spécifique. Les photographies d'Armando Andrade Tudela ne cherchent pas à documenter ce lieu mais plutôt à établir un système de correspondances visuelles entre la construction et la lumière qui la traverse. Prenant la lumière naturelle et la transparence comme point de départ, Armando Andrade Tudela nous propose finalement une évocation plutôt hermétique de l'espace de cette maison – un long rectangle, surélevé et ouvert, délimité par des parois de verre.
En réglant la mise au point de son appareil photographique sur les premiers plans, l'artiste élabore une représentation indécise de l'espace, interdisant aux objets de trouver des contours définis qui constitueraient autant de limites à la représentation.
Les images mêlent les formes du dehors – la végétation tropicale environnante – avec celles qui, imperturbables, au-dedans, demeurent. À la faveur de ce processus, Andrade Tudela détourne notre lecture d'une perspective historique – narrative – pour l'orienter vers une approche essentiellement sensorielle. Il fait prévaloir l'atmosphère et la couleur du lieu sur son systématisme fonctionnel.
Publié à l'occasion de l'exposition de l'artiste à la galerie Annet Gelink, Amsterdam, du 26 mai au 30 juin 2007.
Avoir vécu à Lima (où il est né en 1975)
puis s'être formé à Londres et aux Pays-Bas, avant de
séjourner en France et maintenant à Berlin, a conduit Armando
Andrade Tudela à s'intéresser aux projections et traductions
d'imaginaires et de pensées qui existent d'une culture à une
autre. Son travail a pour principal objet la circulation des formes dans des
contextes hétérogènes. Au moyen de sculptures, dessins,
photographies ou films, il regarde précisément comment les
idées esthétiques sont traduites et assimilées à
un niveau local, par exemple comment le choc moderniste s'est propagé
et a été interprété sur le continent
sud-américain. Il confronte ainsi un vocabulaire formel
apparenté au minimalisme et des formes ou des images
empruntées au quotidien, à l'histoire de l'art ou à la
culture populaire. Dans ses recherches plus récentes, il
expérimente le lieu d'exposition comme un « espace pliable » dans
lequel les combinaisons des différents éléments
laissent les significations à l'état de potentiel. Proche en
cela de nombreux artistes de sa génération, il essaye de
créer un environnement qui ne possède pas un seul centre de
gravité mais en déploie de multiples, sans fin.