Le quatrième volume des écrits complets de Rémy Zaugg (1973-1980), autour de Donald Judd et de la
sculpture minimaliste,
un livre auquel l'artiste ne cessera de se référer dans les textes et conversations ultérieurs, et que, parce qu'il traite abondamment du contexte
muséal et
architectonique qui détermine largement la perception et l'interprétation des œuvres d'art, beaucoup d'architectes –
Herzog et de
Meuron les premiers – lurent aussi.
« La sculpture ne prétend pas exister indépendamment du sujet percevant, comme si elle était donnée d'emblée, toute faite et prête à emporter, tel le poulet congelé du supermarché. Elle se refuse à l'illusion d'un monde et de sujets à la réalité achevée. Elle met en cause et dénie notre savoir du monde et de nous-même. Elle nous dit que tout reste à faire et que monde et sujet procéderont de ce faire. La juxtaposition, pour sa part, semble attendre au contraire l'intention, la subjectivité et l'arbitraire du regardant créateur appelé à combler sa vacance, comme si tout dépendait de nous, comme si nous étions tout et elle rien. »
Né en 1943 à Courgenay (Jura suisse), Rémy Zaugg est décédé à Bâle en 2005. Artiste majeur, également historien, théoricien et critique d'art, il laisse derrière lui une œuvre complexe (peintures, sculptures dans l'espace public, projets urbanistiques et architecturaux) marquée par une thématique de l'absence, reliée à une théorie générale de la perception.