Une anthologie des
Cultural Studies – discipline originellement engagée dans l'examen de la culture, dans son acception la plus large (incluant les « sous-cultures » dans leur diversité, du punk aux médias de masse en passant par la cyberculture), dans les rapports qu'elle entretient au pouvoir politique et aux normes sociales – pour envisager une histoire populaire de l'art qui apporterait une nouvelle contribution à l'histoire sociale de l'art pour la période contemporaine.
Cette anthologie a pour ambition de mettre au jour les relations fécondes qui existent entre deux disciplines : les
Cultural Studies et l'histoire de l'art. Dans cette perspective, le parti pris adopté consiste à focaliser sur l'approche politique des
cultural studies inhérente à sa défense de la culture populaire, afin d'observer le déploiement historique et théorique de cette discipline dans le droit fil de ses origines. La nouvelle cartographie des cultures qui se dessine ainsi peu à peu vient rencontrer plusieurs enjeux de l'histoire de l'art contemporain, et invite à reconsidérer ses présupposés. La première partie de cet ouvrage propose une approche emblématique d'un moment historique important, et riche, qui se déploie en Grande-Bretagne dès la parution du livre de Edward P. Thompson sur William Morris et des essais de Raymond Williams valant pour critique d'une conception marxiste de la culture, pour trouver son point d'acmé avec la création en 1964 du CCCS de Birmingham et l'émergence de nouveaux auteurs tels que
Simon Frith et Dorothy Hobson. La réception américaine de ce versant anglo-saxon des
Cultural Studies structure la seconde partie de cet ouvrage. Son étude demeure en effet encore lacunaire, et il est intéressant de comprendre comment et pourquoi un phénomène de dilution a eu lieu tant au niveau du populaire que du politique. Les figures de James Carey et Lawrence Grossberg sont en cela essentielles, alors que des essais de Fredric Jameson et Douglas Crimp éclairent les relations entre histoire de l'art et
Cultural Studies aux États-Unis. Au vu du phénomène de mutation observé, il est loisible de s'interroger aujourd'hui sur une appréhension nouvelle de l'art dans le champ élargi de la culture.
Annie Claustres est Maître de conférences Habilité en histoire et théorie de l'art des XXe-XXIe siècles à l'université Lumière Lyon 2, auteur de nombreux ouvrages et articles. Auteure d'un essai sur les enjeux postmodernes de la culture matérielle (
Objets emblèmes, objets du don, Les presses du réel, 2017), elle est notamment spécialiste des relations entre arts de l'objet,
design et culture matérielle. Elle a récemment ouvert cette recherche à l'art contemporain
japonais.