extrait
Préface (p. 11)
French Connection est né du désir de faire le portrait d'une scène artistique française, dont le dynamisme,
la prolixité, sont aujourd'hui manifestes. Il y a peu de temps encore, on reprochait aux artistes
français de ne pas trouver leur place dans le paysage international – un constat appuyé par le rapport
du sociologue Alain Quemin, rendu public en 2001, qui fit l'effet d'un pavé dans la mare. Certains acteurs
de l'art ont alors réagi, et la richesse de la scène française s'est exprimée au travers d'expositions
importantes, en France (Notre histoire au Palais de Tokyo en 2006, La force de l'art au Grand Palais en
2006, puis en 2008, Airs de Paris au Centre Pompidou en 2007, par exemple), comme à l'étranger (dans le
cadre de la Biennale de Berlin 2006 notamment, ou French kiss au Moore space de Miami, en 2008). En
parallèle, les artistes sont devenus de plus en plus mobiles. Leurs travaux sont maintenant souvent (re)
présentés en dehors de l'hexagone ; principalement aux États-Unis, en Allemagne, en Angleterre. Par
ailleurs, au milieu des années 90, certains des artistes émergents ont su s'imposer outre-Atlantique.
Sans pour autant faire école, ils ont entraîné dans leur sillage de plus jeunes artistes, tout en attirant
l'attention sur la scène française.
Parler d'une scène française est d'ailleurs un abus de langage, car il en existe plusieurs. Il est difficile
de les caractériser avec précision. Les artistes qui les composent travaillent parfois en collaboration,
mais cela ne génère pour autant ni courants artistiques, ni réelles tendances. C'est sans aucun
doute la profusion des démarches, l'hétérogénéité des influences et des travaux qui révèlent l'activité
artistique française.
Ce livre ne prétend pas à l'exhaustivité, il vise à la représentativité : c'est une coupe franche dans un
territoire bien plus riche. Nous avons opéré par connections. Nous n'avons pas défini une liste préalable
d'artistes pour ensuite commander des textes. Nous avons contacté de nombreux critiques exerçant
en France (dans les journaux, les magazines, les revues) et nous leur avons demandé sur quels artistes
ils aimeraient écrire – artistes dont les travaux se sont affirmés au cours des dernières années, et dont
les recherches exemplifient la diversité de la scène française.
La plupart des critiques ont répondu par une courte liste. Attentifs à ce que le panel des travaux présentés
soit le plus ouvert possible, nous avons ensuite passé commande d'un texte précis. Le choix des
88 artistes est donc le produit d'une collaboration entre Blackjack éditions et les auteurs.
Huit pages sont consacrées à chaque artiste, dont six, dédiées à la reproduction iconographique des
oeuvres ; un espace encore étroit, mais qui permet de ne pas caricaturer les démarches. La première
double page pose une atmosphère. Les quatre pages suivantes offrent une focale sur des pièces. Le
choix des œuvres reproduites a, le plus souvent, été réalisé avec les artistes, parfois aussi avec les
auteurs. Les images éditées ne sont pas les œuvres. Elles en sont les avatars. Les images font signe
vers les pièces reproduites. Quant aux 88 critiques qui ont écrit sur les travaux des 88 artistes, leur
texte, souvent construit autour de propos recueillis, est un regard, un hors champ de l'œuvre. Juste à
côté, il l'accompagne.
French Connection n'a pas la volonté de catégoriser, ni la prétention d'historiciser le présent d'une
création. French Connection est le témoignage du dynamisme à l'œuvre, aujourd'hui, en art.
Léa Gauthier | BlackJack éditions