Très tôt dans sa pratique, Lei Saito développe une série de performances et d'installations culinaires – la « cuisine existentielle » –, qu'elle présente notamment au Centre Pompidou, et lors de collaborations pendant la Biennale de Riga, ou avec l'École des mines, Paris, la
Fondation Hartung Bergman, Antibes, le
Palais de Tokyo, Paris, au 104, Paris, et aux Abattoirs de Toulouse.
Elle crée des pâtisseries « décapitées » habillées de coulis de framboises pour une fête du 14 juillet au Palais de Tokyo, conçoit un paysage comestible de légumes violets et jaunes pour un dîner au Matchesfashion de Londres, et installe une patinoire remplie de jus de clémentine dans la Galerie des multiples de Paris. Mais le monde de l'artiste n'est pas seulement merveilleux, son travail s'articule autour d'un ensemble complexe de références et de significations, puisant dans l'histoire de l'art, la mythologie et la langue, qui s'invente entre le japonais et le français.
Les compositions que Lei Saito réalise sont des hybridations entre les traditions culinaires, les époques et les saveurs qui forment ensemble une nouvelle histoire cristallisant une expérience sensuelle, une atmosphère nouvelle et partagée. Son acte artistique a pour objectif de créer une interaction entre les personnes, de faire vivre une expérience sensorielle au public qui dès lors participe à l'activation de l'œuvre elle-même. La dimension relationnelle est toujours présente dans son travail. Il ne s'agit pourtant pas d'un protocole, mais d'une caractéristique qui vient naturellement s'inscrire au cœur de sa pratique : tout y est question d'interactions et d'équilibre entre les récits qu'elle tisse et les expériences qu'elle propose. Pour accompagner ce récit culinaire fantastique, trois textes, écrits par Alain Kruger, Agnieszka Gratza et
Thomas Schlesser, parcourent le livre. La contribution de ces auteurs nous propose une réflexion sur la façon qu'a la cuisine d'interroger notre rapport au monde. À quel moment devient-elle un geste métaphysique ? Autrement dit, ce que signifie la « cuisine existentielle » comme le propose Lei Saito.
Lei Saito (née en 1980 à Hirosaki) est une artiste japonaise qui vit et travaille à Paris depuis 2003. Elle a étudié au Japon et à l'atelier d'
Annette Messager aux Beaux-Arts de Paris, puis a été invité comme résidente à la Rijksakademie à Amsterdam. Lei Saito s'intéresse à l'histoire, aux récits qui se superposent en strates, qu'elle explore à travers différentes techniques, telles que le dessin, la photogravure, la sculpture, la photographie, et les installations. Elle développe aujourd'hui le concept de « cuisine existentielle », un paysage comestible. Ses projets sont des propositions pour une expérience à la fois délicieuse et conceptuelle.
Le travail de Lei Saito a été présenté aux Abattoirs, Toulouse (2020) ; West Bund Museum/Centre Georges Pompidou, Shanghai, Chine (2019) ; KADIST, Paris (2019) ; Chiesetta della Misericordia, collaboration avec RIBOCA (Riga Biennial), Venice, Italie (2019) ; AKINCI, Amsterdam, Pays-Bas (2019) ; Galerie Jocelyn Wolff, Paris (2019) ; Palazzo Grimani, Venise, Italie (2019) ;
Fondation Hartung Bergman, Antibes (2018), entre autres.