Issus du vaste corpus des
Dream Drawings, les
Paperback Covers (1996-2013) reprennent les dimensions de couvertures de livres. La référence à la physicalité des livres de poche bon marché est combinée à un clin d'œil à la tradition graphique anglo-saxonne, avec ses images pleine page et ses logos d'éditeurs ou de collections. Ne manque plus que le texte. Sans titres, sans auteurs, mais non sans fictions, les tableaux dépeignent des scènes oniriques dont les intitulés éclairent les éléments narratifs, condensant le récit en une seule image, dans laquelle le narrateur à la première personne s'identifie comme Jim Shaw. Ils deviennent des instantanés possibles de l'autobiographie de Shaw, mais ils constituent également un répertoire de formes et de références culturelles dont le livre de poche n'est qu'un aspect. Les bandes dessinées, les illustrations, la peinture naïve et savante, les récits fantastiques et populaires sont tous évoqués par le corpus. Collection de courts-circuits favorisant l'imagination et la subjectivité, les
Paperback Covers constituent une contre-encyclopédie des désirs et névroses culturels, scientifiques et sociétaux du XXe siècle.
Edité par Marc Jancou, présenté par
Lionel Bovier et Samuel Gross, l'ouvrage rassemble la totalité des
Paperback Covers inventoriées, accompagnées de
In Memory of Godzilla: Reading Material for Jim Shaw, un ouvrage de création littéraire de l'écrivain et critique d'art londonien Charlie Fox, conçu comme un tremplin pour la libre association.
Personnalité atypique et iconique du milieu artistique
californien, Jim Shaw (né en 1952 à Midland, Michigan, vit et travaille à Los Angeles) partage avec
Paul McCarthy et
Mike Kelley un même désir de produire une œuvre plastique visant à explorer le côté obscur d'une société américaine conformiste et standardisée. Ses investigations critico-hallucinatoires puisent leur inspiration dans une culture vernaculaire en-deçà des catégories établies par l'histoire de l'art (tableaux d'amateurs récupérés dans des brocantes, objets de cultes populaires, travaux d'étudiants, affiches de films, etc.). Ces objets s'inscrivent dans un réseau de significations multiples qui ne cessent d'affaiblir l'autorité symbolique de l'œuvre d'art et constituent,
par le biais de dispositifs narratifs auxquels le spectateur est invité à prendre part, autant de fragments d'une histoire à la fois personnelle et collective.