Une généalogie subjective de
femmes artistes, du XIXe au XXIe siècles, à travers les affinités et les résonances qui les unissent, affirmant les pouvoirs d'une lecture
féministe et
queer des pratiques artistiques.
Après avoir éprouvé les vertus d'un regard féministe et
queer posé sur des formes de cinéma populaire dans son ouvrage
La Fiction réparatrice (2018), Émilie Notéris porte son analyse sur des œuvres d'art réalisées par des femmes aux XXe et XXIe siècles, et la nécessité pour celles-ci de se constituer leur propre généalogie, l'histoire de l'art officielle étant encore trop occupée par les pères et leur progéniture pour tenir compte des mères. Biologiques ou électives, celles-ci proposent d'autres outils et d'autres raisons de créer, au sein d'une multitude d'histoires rhizomatiques.
Ce faisant, l'autrice prend conscience que son analyse féministe reste inachevée si elle ne prend pas en considération les femmes
artistes noires, leur histoire spécifique et les relations qu'elles entretiennent par-delà les diverses diasporas.
Cet ouvrage, à la fois littéraire et analytique, esthétique et politique, est aussi une réflexion sur les nécessités de la recherche en art aujourd'hui : la volonté de dénaturaliser nos champs de vision et nos outils critiques, de faire attention à ce qui est rendu visible ou maintenu invisible, et la nécessité de considérer la complexité des intersections entre race, classe, sexe et genre. De produire, enfin, une analyse de l'art non plus pour célébrer le passé, mais ouvrir des potentialités interprétatives au présent.
Seconde édition (2021).
À l'occasion de ses dix ans d'existence, Paraguay crée une collection de livres de poche qui rassemble essais, entretiens et textes de fiction en langue française, en brouillant les frontières académiques entre ces différents genres littéraires.
Paraguay est une maison d'édition connue pour ses ouvrages faits en collaboration avec des artistes contemporains (Prix du jury Festival du livre d'art FILAF 2018).
Avec cette nouvelle collection, de jeunes auteur.es – critiques, théoricien.nes, artistes, écrivain.es – enquêtent sur le monde contemporain, et en rendent compte dans des écritures engagées, sensibles et expérimentales, pour adresser à un large public la question de l'expérience des œuvres d'art comme forme de contribution à un débat intellectuel et politique. La ligne graphique de la collection est confiée à Eurogroupe, Bruxelles (Laure Giletti et Grégory Dapra).
Après avoir apprivoisé textuellement des meutes de loups-garous anarchistes et des clans de vampires stylistiques dans
Cosmic Trip (IMHO, 2008), Émilie Notéris s'est écrasée au sommet d'un séquoia californien marxiste pour
Séquoiadrome (Joca Seria, 2011). Le personnage principal du roman, Robinson, survit en mangeant des champignons hallucinogènes ; l'auteure n'a pas privilégié la méthode flaubertienne pour mener à bien l'écriture de ce second roman, préférant réaliser les meilleurs sandwichs du monde aux shitakés, suivant une recette d'Alice Toklas. L'écriture d'un essai sur le
Fétichisme Postmoderne (La Musardine, 2010) lui vaut d'être contactée occasionnellement pour des dossiers sur le fétichisme du latex, domaine qui ne relève nullement de sa compétence. Elle tombe amoureuse, en 2012, du défunt théoricien des médias canadien Marshall McLuhan, en traduisant son premier ouvrage inédit en français,
La Mariée mécanique (è®e, 2012), qui lui permet d'embrasser ensuite une carrière de traductrice (
Malcolm Le Grice, Eduardo Viveiros de Castro & Deborah Danowski,
Slavoj Žižek, Hakim Bey,
Vanessa Place, Eileen Myles, Gayatri Chakravorty Spivak, Uzma Z. Rizvi, Sudipta Kaviraj…). Elle préface les anarchistes Voltairine de Cleyre et Emma Goldman (
Femmes et Anarchistes, éditions
Blackjack, 2014), traduit des écoféministes (
Reclaim !, Cambourakis, 2016) et invite des xénoféministes (week-end
Eco-Queer, Bandits-Mages, Bourges, 2015). Diplômée des Arts-Décoratifs de Paris en 2005, elle est sans cesse rattrapée par le monde de l'art, comme Le Prisonnier par sa boule blanche, et intervient en workshops comme en conférences un peu partout en France (
CAPC de Bordeaux, Beaux-Arts de Lyon et de Dijon…) et parfois à l'étranger (New School à New York, Halle 14 à Leipzig,
Centre de la photographie à Genève…). Cette biographie est une des narrations possibles.